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Bernard Rousseau nous a quitté subitement le 16 avril 2021
d'un arrêt cardiaque, il avait 67 ans.

Journée scientifique B. Rousseau 2016 © S. Dezard/SCBM/CEA

Diplômé de l'Ecole Supérieure de Chimie Industrielle de Lyon, Bernard Rousseau entre au CEA en 1979 pour effectuer une thèse au Service des Molécules Marquées (SMM/DSV) sur le thème du marquage au carbone 14 et au tritium des dérivés de l'acide mévalonique, thèse soutenue en 1982 sous la direction de Louis Pichat. Il est alors recruté au Laboratoire de Marquage au Tritium dont il devient rapidement le responsable. En 1991, le CEA décide d'arrêter l'activité commerciale du Service des Molécules Marquées pour une activité de recherche fondamentale plus conforme aux missions du CEA. Pour mener à bien cet important chantier, le CEA fait appel à Charles Mioskowski qui est nommé chef de service. Bernard Rousseau devient son adjoint en 2002 et participe activement à une série de changements importants dans la vie du service se traduisant notamment par de nombreux projets scientifiques novateurs. En 2007, il est promu chef du Service de Chimie Bioorganique et de Marquage et prend la suite de Charles Mioskowski, fonction qu'il assumera jusqu'en 2015.

Sous son impulsion et grâce à son côté visionnaire, les activités scientifiques et notamment celles liées au marquage isotopique, connaissent un essor considérable. Parmi ses contributions les plus notables, on retiendra les nombreuses voies de synthèses permettant le marquage de médicaments tels les stéroïdes ou le taxol, la synthèse du plus petit objet moléculaire chiral (méthyle) (Faucher et al), le développement de la RMN du tritium pour la mesure de distances interatomiques (Yuen et al) et le développement de nouvelles méthodes de tritiation par activation de la liaison C-H en collaboration avec Bruno Chaudret (INSA, CNRS Toulouse) (Pieters et al). Bernard a également participé à des projets de nanomédecine avec le Pr. Patrick Couvreur de l'Université Paris-Saclay, pour essayer de comprendre le mode d'action des nanomédicaments grâce à l'utilisation du marquage (Gaudin et al). Son activité scientifique ne s'est pas limitée au marquage isotopique mais s'est étendue à de nombreux autres champs disciplinaires comme les cages moléculaires pour l'imagerie du xénon hyperpolarisé, en collaboration avec Patrick Berthault (IRAMIS) (Kotera et al) ou la synthèse de dérivés du lanréotide pour l'obtention de nanotubes de peptides au diamètre contrôlé, en collaboration avec Maité Paternostre (Tarabout et al). Au cours de sa longue et riche carrière, Bernard a publié plus de 120 articles et a formé un très grand nombre d'étudiants, à qui il a su transmettre sa passion pour la science. La plupart d'entre eux ont accédé à des postes de responsabilité dans l'industrie ou la recherche académique.

On ne peut évoquer la mémoire de Bernard Rousseau sans parler de l'homme lui-même. Toujours à l'écoute de chacun et attentif aux autres, Bernard savait créer autour de lui une ambiance fraternelle et chaleureuse. Dévoué à son unité de recherche et à son personnel, il dégageait au quotidien une énergie et un enthousiasme communicatifs. C'était un plaisir que de travailler avec lui tant sa bonne humeur et son optimisme irradiaient.
Au-delà de l'immense tristesse, sa disparition est une perte intellectuelle et humaine considérable pour tous ceux qui ont eu la chance de le connaître et de le côtoyer. Il laisse derrière lui un héritage et une dynamique scientifiques que ses collègues auront à cœur d'entretenir et de faire perdurer.

Nous adressons nos sincères condoléances à son épouse, à ses deux enfants et à sa famille.

Frédéric Taran, chef du SCBM, et ses collègues