La maladie
d’Alzheimer est caractérisée par l’accumulation anormale dans le cerveau des
protéines tau et amyloïde, cette dernière constituant les plaques amyloïdes.
Autour de ces plaques, on observe une activation des cellules immunitaires et
inflammatoires du cerveau, dont les principales sont les cellules microgliales.
Cependant le rôle exact de ces cellules fait encore débat : l’inflammation
permet-elle de protéger le cerveau contre la maladie ou aggrave-t-elle son
évolution ?
Pour répondre à
cette question, les chercheurs ont, dans le cadre de l’étude Imabio3**, analysé
au SHFJ l’activité microgliale de 96 patients, grâce à l’utilisation d’un
traceur de nouvelle génération en Tomographie par Emission de Positon (TEP). En
parallèle, les plaques amyloïdes ont été quantifiées par imagerie cérébrale
chez ces mêmes patients. Deux ans plus tard, une partie des patients a été réexaminée,
afin de suivre l’évolution de la réponse microgliale, la progression de leur
maladie via des tests cognitifs et leur volume cérébral par un examen IRM.
Les résultats obtenus
mettent en évidence l’existence de 2 profils cinétiques distincts de réaction
neuroimmune qui impactent différemment la progression de la maladie
d’Alzheimer : une réaction neuroimmune d’emblée importante mais stable
dans le temps, est liée à une évolution lente des scores cognitifs et de
l’atrophie cérébrale (effet protecteur). A l’inverse, une réaction neuroimmune
d’abord plus faible mais qui augmente de manière importante est liée à une
aggravation plus rapide de la maladie (effet délétère).
Il s'agit de la
première étude montrant que la neuroinflammation peut affecter différemment les
patients atteints de la maladie d'Alzheimer, en fonction de leur profil
d'activation microgliale. En distinguant deux sous-groupes définis par leur «
signature inflammatoire », indépendamment de l’âge et de la sévérité de la
maladie, ce travail montre que l'activation microgliale peut être protectrice
ou délétère et ce, indépendamment du stade de la maladie. L'activation
microgliale pourrait être ainsi l’un des éléments modulateurs de l’évolution de
la maladie d'Alzheimer. Ces travaux sont susceptibles d’ouvrir de nouvelles
pistes thérapeutiques ciblées, afin de ralentir, voire empêcher, la progression
de la maladie d’Alzheimer.
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A gauche : images TEP de la fixation cérébrale du traceur mettant en évidence l’activité neuroimmune chez un patient, dans 3 plans de coupes. A droite : mise en évidence des différents profils de réaction neuroimmune chez les sujets dont la maladie progresse vite (rouge), les patients plus stables (bleu) et les témoins sains (gris).
*ICM : Institut du
Cerveau et de la Moelle épinière.
**Imabio3 : cette étude,
qui porte sur le rôle des réactions inflammatoires et immunitaires anti-amyloïdes
centrales et périphériques dans la maladie d’Alzheimer débutante, est
cofinancée par l’Institut Roche de Recherche et de Médecine Translationnelle et
le Ministère de la santé, dans le cadre d’un programme hospitalier de recherche
clinique 2010. Elle est promue par l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris et
s’achèvera en 2019.