Utilisée depuis une dizaine d'années en cancérologie, l'immunothérapie soulève de grands espoirs dans le traitement de certains cancers. Elle consiste à "réveiller" le système immunitaire pour qu'il détruise la tumeur, c'est-à-dire utiliser le microenvironnement tumoral comme son propre « vaccin » en y injectant des médicaments stimulant l'immunité contre les cellules cancéreuses. De tels médicaments, appelés inhibiteurs des points de contrôle immunitaire (ICB, voir encadré), sont généralement administrés par voie intraveineuse. Malgré une efficacité prometteuse des ICB, la résistance de certaines tumeurs et les effets indésirables liés à une réaction immunitaire inappropriée de l'organisme entravent leur succès dans le traitement du cancer.
Afin de contourner ce problème, l'administration intra-tumorale d'immunothérapies est apparue comme une solution potentielle, visant à atténuer les effets secondaires grâce à une exposition systémique réduite tout en augmentant l'efficacité en améliorant la biodisponibilité locale. Le nombre d'essais cliniques basés sur l'immunothérapie intra-tumorale a d'ailleurs considérablement augmenté au cours des dix dernières années, conduisant parfois à des effets thérapeutiques spectaculaires. Cependant, une étude approfondie de la distribution locale et systémique des ICB après administration intra-tumorale, ainsi que de leur impact sur les tumeurs distantes, reste cruciale pour optimiser leur potentiel thérapeutique.
Dans cette étude, l'équipe ONCO du laboratoire BioMaps, en collaboration avec le Dr Lambros Tselikas du Service de Radiologie Interventionnelle et du Laboratoire de Recherche Translationnelle en Immunothérapie de l'institut Gustave Roussy, ont associé leur expertise en immunoTEP (Tomographie par Émission de Positons) et en radiologie interventionnelle pour évaluer de manière dynamique les schémas de distribution d'un ICB marqué au zirconium-89, administré par voie intraveineuse et intra-tumorale chez des souris porteuses de tumeurs. Le suivi par immunoTEP du médicament radiomarqué indique que sa biodisponibilité locale est supérieure après une injection intra-tumorale et que l'exposition systémique dans les tissus sains est réduite avec une accumulation équivalente et une efficacité accrue dans les tumeurs situées à distance, non injectées, par rapport aux souris traitées par voie intraveineuse.
Ces résultats soulignent l'apport précieux de l'imagerie immunoTEP et de la modélisation pharmacocinétique comme outils utilisables en pratique clinique pour soutenir le développement de médicaments et améliorer la radiologie interventionnelle.
Contacts : charles.truillet@universite-paris-saclay.fr
ou lambros.tselikas@gustaveroussy.fr
- Les
inhibiteurs des points de contrôle immunitaires (Immune Check-point Blockers, ICB) sont des biomédicaments (anticorps monoclonaux) qui bloquent les points de contrôle immunitaires utilisés par certaines cellules tumorales pour se protéger contre les attaques de notre système immunitaire (échappement tumoral). En d'autres termes, ils lèvent l'inhibition de la réponse immunitaire en rétablissant les capacités fonctionnelles de nos cellules immunitaires, les lymphocytes T cytotoxiques.
- Pour en savoir plus sur l
'approche immunoTEP développée au SHFJ, voir notre
actualité de février 2023.