Une consommation excessive d'alcool a des répercussions sanitaires, sociales et économiques importantes. Pourtant, on connait encore mal les effets de l'alcool sur le cerveau. L'adolescence est une période particulièrement sensible aux effets neurologiques de l'alcool. De nombreuses études rapportent des atteintes cérébrales structurelles et fonctionnelles qui peuvent être induites à court terme, notamment lors de consommations excessives d'alcool liées à la pratique du «binge-drinking » chez les adolescents. Ces atteintes sont d'ailleurs susceptibles d'entrainer des troubles neuro-psychiatriques persistants à l'âge adulte. Par manque d'outils adaptés, les mécanismes à l'origine de cette toxicité restent encore mal connus.
Les chercheurs de l'IMIV au SHFJ ont mis en évidence une réponse neuro-immunitaire immédiate et persistante, plusieurs mois après une exposition initiale d'alcool pendant l'adolescence. Cette réponse neuroimmunitaire (ensemble d'interactions biochimiques entre le système nerveux et le système immunitaire suite à un stimulus pathogène) a été révélée grâce à un modèle préclinique d'exposition à l'alcool et à l'utilisation d'un marqueur d'imagerie de la neuro-inflammation cérébrale, le [18F]DPA-714. A l'origine, ce radio-traceur a été développé au CEA pour étudier la composante neuro-immunitaire de pathologies neurologiques.
Ce résultat suggère un rôle déterminant de l'immunité cérébrale dans le mécanisme d'action de l'alcool. L'imagerie TEP offre un outil particulièrement intéressant et non-invasif pour la mise en évidence et le suivi de la composante neuro-immunitaire associée aux effets neurotoxiques de l'alcool et au développement de l'alcoolo-dépendance.
Figure 1 : Images cérébrales en TEP obtenues après l'injection de [18F]DPA-714 avant (A), durant (B) et 7 mois après (C) une exposition à l'alcool.