Vous êtes ici : Accueil > Actualités > Dyslexie : certains des dispositifs vendus pour faciliter la lecture ne sont pas efficaces

Résultat scientifique | Article | Cognition

Dyslexie : certains des dispositifs vendus pour faciliter la lecture ne sont pas efficaces


​Les dispositifs tels que les lampes et les lunettes stroboscopiques censés faciliter la lecture des personnes dyslexiques n’auarient en fait aucun impact. C’est ce que révèle une étude menée par une équipe d’UNICOG (NeuroSpin) et publiée dans la revue Proceedings Royal Society

Publié le 28 janvier 2024

La dyslexie est un trouble neurodéveloppemental caractérisé par d'importantes difficultés dans l'apprentissage de la lecture. Trois à douze pourcents des enfants seraient dyslexiques.

La prise en charge des enfants dyslexiques vise à leur permettre de mettre en place des stratégies pour contourner leurs difficultés et repose principalement sur de la rééducation orthophonique. Certains dispositifs permettent également d'adapter la présentation visuelle des contenus pour aider les personnes dyslexiques. Il s'agit par exemple de livres électroniques qui agrandissent la taille des lettres, les espacent, changent la couleur de fond ou changent la police. Seuls l'agrandissement des lettres et leur espacement ont cependant fait la preuve de leur efficacité.

Très récemment, sont apparus sur le marché de nouveaux dispositifs « scintillants » ou stroboscopiques, censés eux-aussi faciliter la lecture des personnes dyslexiques. Ils ont été mis au point sur la base d'une hypothèse : contrairement aux normo-lecteurs, les personnes dyslexiques n'auraient pas d'œil dominant et seraient incapables de faire le « choix » entre deux images qui viendraient se superposer. Un clignotement haute fréquence, imperceptible à l'œil nu, permettrait d'éteindre l'une des deux images et devrait ainsi faciliter la lecture.

De nombreux témoignages tendent à confirmer l'efficacité de ces dispositifs. Pour autant, l'hypothèse de départ est très peu étayée et les vertus supposées des lunettes stroboscopiques n'ont jusque-là pas été vérifiées.

Une équipe du laboratoire UNICOG (département NeuroSpin) a donc décidé de tester scientifiquement ce type de dispositifs.

22 enfants dyslexiques volontaires ont été recrutés pour cette expérience, qui visait à évaluer l'impact de la lampe Lexilight® et des lunettes Lexilens® sur la fluidité de lecture, l'identification des lettres et le traitement des lettres miroirs (b et d, p et q). Aucun impact détectable des dispositifs stroboscopiques n'a été observés.

Les chercheurs ont également manipulé, chez deux participants qui prétendaient bénéficier de lunettes clignotantes, le fait que les lunettes soient effectivement allumées ou que le participant pense qu'elles l'étaient. Seul un petit effet placebo a été observé chez l'une des participantes.

Les résultats de l'étude contrastent fortement avec les affirmations marketing selon lesquelles ces outils peuvent aider 90 % des dyslexiques. Ils soulignent l'importance d'une recherche scientifique rigoureuse pour permettre aux personnes dyslexiques de prendre des décisions éclairées quant aux outils d'aide qu'on peut leur vendre.​

Cont​​​act :

Marie Lubin​​eau (marie.lubineau@cerene-education.fr)



Haut de page