L'organisation fonctionnelle du cerveau, étudiée en IRM fonctionnelle (IRMf), reflète l'activité intrinsèque du cerveau soumis ou non à une tache cognitive et permet de localiser des régions fonctionnellement connectées plus ou moins éloignées. Cette connectivité fonctionnelle sous-tend l'idée que les fonctions cérébrales ne dépendent pas simplement de régions spécifiques du cerveau (théorie localisationniste), mais de l'échange et de la communication entre ces régions. Par ailleurs, on sait que la dysconnectivité fonctionnelle de l'amygdale, un ensemble hétérogène de noyaux, dont la connectivité spécifique pourrait conduire à une valence émotionnelle positive ou négative, est au cœur de la physiopathologie du trouble bipolaire. Or, à ce jour, aucune étude ne s'est intéressée à la connectivité des sous-noyaux de l'amygdale.
Dans le présent travail, les chercheurs ont utilisé l'IRMf au repos pour examiner la connectivité des sous-noyaux de l'amygdale chez 127 patients souffrant de troubles de l'humeur, à différentes phases (maniaques ou dépressives), et chez 131 sujets sains. Ils ont ainsi pu distinguer des profils de connectivité fonctionnelle différents entre les patients présentant des symptômes dépressifs et ceux présentant des symptômes maniaques. Ils ont en particulier découvert que les patients en phase dépressive présentaient une connectivité réduite entre le noyau latéral de l'amygdale droite et l'hippocampe (antérieur et postérieur), tandis que les patients en phase d'(hypo)manie montraient une connectivité accrue entre le noyau médial de l'amygdale gauche et la partie ventrale du noyau accumbens (région importante du circuit de la récompense).
Dans leur ensemble, ces résultats permettent de mieux comprendre certains mécanismes à l'origine des variations de l'humeur dans le trouble bipolaire et soulignent l'importance de considérer les sous-noyaux de l'amygdale séparément lors de l'étude des profils de connectivité fonctionnelle. Des techniques de neuromodulation non invasives, comme le neurofeedback, pourraient cibler les circuits cérébraux identifiés dans cette étude et réduire les fluctuations de l'humeur chez les patients bipolaires. Plusieurs recherches en ce sens sont en cours à NeuroSpin (UNIACT, équipe Psychiatrie).
Inspiré du Point Recherche du 05 juin 2024 de la Fondation FondaMental avec Pauline Favre
Contact : Pauline Favre pauline@favre-univ.fr ou pauline.favre@cea.fr
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