Des pays comme le Royaume-Uni ou l'Australie autorisent le prélèvement de greffon sur une personne décédée après arrêt circulatoire contrôlé (DDAC). En France, seuls sont autorisés les greffons prélevés sur des personnes en état de mort encéphalique, le risque de défaillance cardiaque survenant après la transplantation de greffon DDAC étant élevé (39% dans les 48 heures qui suivent la greffe). Or, la baisse tendancielle du nombre de personnes décédées en état de mort encéphalique oblige à réfléchir au développement d'autres types de prélèvements.
Comment anticiper les échecs possibles de transplantation de greffons DDAC ?
La plupart des équipes de transplantation qui pratiquent ce type de greffe évaluent la viabilité du myocarde durant l'étape de perfusion cardiaque ex situ, nécessaire pour conserver le cœur en vue de sa transplantation. La méthode, basée sur la mesure de concentrations en lactate, a ses limites ; elle ne donne qu'un aperçu de l'état métabolique du cœur prélevé.
Une équipe de l'hôpital Marie Lannelongue (Université Paris-Saclay, Le Plessis-Robinson) en collaboration avec une équipe du LI-MS (SPI/DMTS), dirigée par Benoît Colsch et spécialisée en méthodologies de pointe pour la métabolomique, a cherché à savoir s'il existait des biomarqueurs qui permettraient de mieux rendre compte de l'état métabolique des cœurs prélevés. Pour cela, ils ont mené une étude sur un modèle de greffon cardiaque porcin.
Les chercheurs mettent en évidence que les cœurs de sujets en arrêt circulatoire contrôlé ont un profil métabolique spécifique, principalement caractérisé par une augmentation du métabolisme des purines. Les altérations du métabolisme observées sont réversibles durant la perfusion ex vivo et tendent à se « normaliser » après 3 heures, c'est-à-dire à ressembler à celui des cœurs d'individus en état de mort cérébrale.
D'autres études sont nécessaires pour établir une corrélation entre ces observations et les performances de transplantation cardiaques. Si celle-ci est établie, alors les biomarqueurs découverts pourraient être essentiels aux équipes de transplantation pour juger de l'éligibilité de greffons cardiaques.
Contact chercheur Institut Frédéric-Joliot :