Une divergence entre les différentes études
Bien que des atypies anatomiques aient été rapportées au niveau du cervelet chez des personnes avec autisme,
celles-ci ne semblent pas faire consensus. Située à la base du cerveau, cette zone contient plus de 50 % des neurones cérébraux et est impliquée dans la cognition sociale.
Les raisons des divergences entre les nombreuses études sont probablement multiples :
- si les atypies existent bien, elles peuvent ne concerner que des régions précises du cervelet qui
n’ont pas été étudiées finement dans les travaux publiés ;
- il existerait plusieurs sous-groupes d’atypies correspondant à des sous-groupes distincts dans le spectre autistique ;
- plusieurs des études
manquent de puissance statistique ;
- plusieurs méthodes de parcellisation du cerveau ont été employées dans les études, elles ne sont pas équivalentes ;
- il y a un
besoin de mieux quantifier les déviations individuelles par rapport à la normale.
Une annalyse morphologique robuste
Afin de tenter d’apporter une réponse claire,
un consortium européen coordonné par des chercheurs d'UNIACT et de
BAOBAB (département NeuroSpin) a décidé d’étudier la morphologie de la substance grise cérébelleuse chez 274 personnes avec autisme et 219 sujets témoins d'une cohorte européenne multicentrique, EU-AIMS LEAP[1]. Pour assurer la robustesse de leurs résultats,
les chercheurs ont effectué une parcellisation lobulaire du cervelet avec deux méthodes différentes et ont utilisé un algorithme qui calcule le volume des différentes structures du cervelet à l’échelle du voxel (analyse morphométrique voxel à voxel). Ils ont également
adopté une approche méta-analytique (intégrant des paramètres tels que l’âge, le sexe, le volume intracrânial, le QI…) et
effectué des analyses statistiques avec des approches linéaires et multivariées pour capturer la diversité de l'anatomie cérébelleuse chez les personnes avec autisme et les sujets témoins. Enfin, ils ont
effectué une analyse dimensionnelle de l'anatomie cérébelleuse dans une cohorte indépendante de 352 personnes présentant des symptômes liés à l'autisme.
Les chercheurs n’ont trouvé
aucune différence significative dans le cervelet entre les individus autistes et les témoins. De plus, il n'y avait pas d'écarts significatifs dans leurs modèles normatifs dans le cervelet chez les personnes autistes. Enfin, ils n'ont trouvé
aucune preuve d'atypies cérébelleuses associées à l'âge, au QI, au sexe ou au fonctionnement social.
Malgré des résultats positifs publiés au cours de la dernière décennie à partir d'échantillons relativement petits,
leurs résultats suggèrent donc qu'il n'y a pas de singularité dans l'anatomie cérébelleuse des personnes autistes.
Ces travaux ont bénéficié de financements européens, à travers deux projets
EU-Aims et
AIMS-2-TRIAL de l'action Innovative Medicines initiative (IMI)
[1] European Autism Interventions– A Multicentre Study for Developing New Medications; Longitudinal European Autism Project