IMAGERIE ET CHIRURGIE DE L'ÉPILEPSIE
L'épilepsie est une maladie chronique caractérisée par la survenue de crises traduisant une perturbation soudaine et transitoire de l'activité électrique du cerveau. En réalité, il n'y a pas une mais des épilepsies avec une diversité de symptômes et d'évolution. Dans les épilepsies focales* résistantes aux médicaments, la détection des lésions épileptogènes est cruciale pour identifier les meilleurs candidats à la chirurgie. Les dysplasies corticales focales (DCF) représentent l'une des lésions les plus fréquentes, chez l'enfant et l'adulte. La résection chirurgicale du cortex dysplasique donne des résultats favorables, mais les DCF peuvent être difficiles à identifier en imagerie IRM. La TEP au 18F-FDG s'est avérée utile en cas d'IRM négative et la valeur ajoutée d'un co-enregistrement de la TEP et de l'IRM a été démontrée. Récemment, une nouvelle imagerie hybride TEP/IRM a été développée, permettant l'acquisition simultanée, sur la même machine, d'images du métabolisme cérébral fournies par la TEP et d'images morphologiques et fonctionnelles par l'IRM. Cependant, la valeur ajoutée de cette nouvelle technique hybride pour la prise de décision chirurgicale reste à établir.
APPORT DE L'IMAGERIE HYBRIDE TEP/IRM
Dans cette étude, les auteurs ont comparé rétrospectivement des images obtenues en TEP 18F-FDG/IRM (machine hybride TEP/IRM du SHFJ) avec celles obtenues en TEP 18F-FDG antérieure co-enregistrées avec une IRM (TEP+IRM), chez 25 patients atteints d'épilepsie focale réfractaire, inclus entre 2017 et 2020. Une analyse visuelle de la qualité des images, de la localisation des anomalies TEP et de la présence d'une lésion structurelle à l'IRM a été réalisée en double aveugle. La sensibilité de la TEP/IRM s'est avérée augmentée de 13% comparée à la TEP+IRM. De nouvelles lésions structurelles (principalement des DCF) ont été détectées chez 6 patients (24%). La décision d'une intervention chirurgicale a été revue pour 10 patients, ce qui a permis d'éviter des explorations invasives chez 6 patients et de modifier la planification chez 4 autres. Une suppression des crises (suivi >1 an) a été obtenue chez 12/14 patients ayant bénéficié d'une résection corticale.
La TEP/IRM améliore la détection des lésions épileptogènes, permettant ainsi d'optimiser le bilan pré chirurgical et les résultats du traitement chirurgical, même dans les cas les plus complexes. Elle apporte un degré de confiance plus élevé pour le médecin qui interprète les images, quelle que soit sa formation et son expérience. Enfin, le concept « d'étape unique » apporté par la TEP/IRM, plus confortable pour les patients et pratique pour les cliniciens, est un point important en faveur de cette imagerie simultanée.
*L'épilepsie focale (également appelée épilepsie partielle) n'affecte qu'une zone cérébrale localisée, sans impliquer l'ensemble du cerveau. Les symptômes varient selon l'endroit où survient la crise.
Contact : Francine Chassoux francine.chassoux@aphp.fr