UNE ÉTUDE PARTICIPATIVE INÉDITE
La pandémie de Covid-19 et les mesures de distanciation et de confinement associées ont modifié de façon spectaculaire nos conditions de vie, nos interactions sociales et notre bien-être psychologique, physiologique et économique. Rapidement, le phénomène culturel du « Blursday » a été évoqué par les média anglo-saxons pour désigner le flou qui s'installait sur l'identité des jours et la fusion calendaire ressentie pendant cette période historique. L'étude internationale dirigée par Virginie van Wassenhove a été initiée en France en mars 2020 (voir notre actu sur l'appel à participants) et a pris de l'ampleur grâce au concours d'une trentaine de chercheurs à l'international pour finalement analyser les temporalités vécues de plus de 2800 participants recueillies dans 9 pays différents.
La batterie de tests, élaborée par une équipe internationale d'experts représentatifs de la recherche sur la psychologie du temps (Timing Research Forum) a recueilli les données au pic des périodes de confinement avec un suivi longitudinal, de quelques semaines à quelques mois après. La portée de l'étude est sans précédent en ce qu'elle intègre 15 tâches comportementales (mesures de performance de processus cognitifs et temporels), 14 questionnaires (traits psychologiques, bien-être, états mentaux, auto-évaluations), des données démographiques et d'évaluation de confinement (mesures de l'état pendant et en dehors du confinement) pour chaque individu. Les premiers résultats ont été publiés en aout dernier dans Nature Human Behavior.
LES PREMIERS RÉSULTATS DE BLURSDAY
Parmi les résultats, l'étude montre que le sentiment d'isolement ralentit significativement le temps vécu de sorte que les participants rapportent un écoulement du temps plus lent. De même, plus les participants se sentaient isolés, plus leurs distances subjectives aux événements de leur passé et de leur futur semblaient grandes. Les chercheurs ont également découvert que les participants surestimaient systématiquement les durées inférieures à 15-20 minutes mais sous-estimaient les durées supérieures à 15-20 minutes. Ce biais de la perception d'intervalles de temps à l'échelle des minutes était moins prononcé lors du confinement qu'en dehors du confinement.
La base de données Blursday et tous les outils de collecte de données sont désormais accessibles aux chercheurs pour étudier les effets de l'isolement social sur le traitement des informations temporelles. Blursday comprend également des statistiques quantitatives telles que les habitudes de sommeil, les traits de personnalité, le bien-être psychologique et les indices d'isolement. Les responsables de l'étude invitent la communauté scientifique à explorer cette ressource avec leur propre question. D'autres analyses plus fines sur les données sont également en cours.
CONCLUSION
Un consortium de chercheurs fournit la première base de données, accessible à la communauté scientifique, permettant d'étudier la nature de l'altération de la perception du temps ressentie par de nombreuses personnes pendant le confinement dû à la pandémie de Covid-19. Il montre que le sentiment d'isolement peut avoir conduit à un ralentissement de l'écoulement du temps pendant cette période. A suivre….
Contact : Virginie van Wassenhove virginie.van-wassenhove@cea.fr
Site de l'étude française : https://brainthemind.com/temps-distanciation-sociale/
Lien vers le serveur d'accès aux données de Blursday : https://timesocialdistancing.shinyapps.io/Blursday/