Les processus neuroinflammatoires associés aux troubles neurodégénératifs, comme les maladies d'Alzheimer, de Parkinson ou la sclérose en plaques, sont encore assez mal connus. L'imagerie TEP permet d'étudier ces phénomènes chez les patients, en suivant la surexpression de la protéine translocatrice 18 kDa TSPO par les cellules immunitaires du cerveau (microglie et astrocytes), activées lors de ces processus inflammatoires. À ce jour, le ligand privilégié de la TSPO pour l'imagerie TEP de la neuroinflammation est le [18F]DPA-714 ; cependant, on connait peu de choses sur le devenir de ce radiotraceur dans l'organisme et sur les différents paramètres susceptibles de modifier son métabolisme après injection au patient.
Dans cette étude, les chercheurs ont évalué l'effet de plusieurs facteurs, tels l'âge, le sexe, l'indice de masse corporelle (IMC), le polymorphisme de la TSPO et les traitements médicamenteux sur le métabolisme et/ou la concentration plasmatique du [18F]DPA-714, susceptibles d'entraîner un biais dans la quantification et l'interprétation des images TEP. Ils ont pour cela mesuré, chez 201 patients et volontaires sains ayant participé à des protocoles d'imagerie TEP au SHFJ avec le [18F]DPA-714 (cerveau et corps entier), la fraction résiduelle (non métabolisée) du radiotraceur et sa concentration plasmatique veineuse. Chez des sujets traités par des médicaments capables de moduler l'activité de l'enzyme responsable du métabolisme du [18F]DPA-714, une augmentation (médicaments inhibiteurs tels que la metformin, la nicardipine, les sartans…) ou une diminution (médicament inducteurs tels que la carbamazépine) de la fraction résiduelle et de la concentration plasmatiques du radiotraceur a été observée. Dans le cerveau, le fait de ne pas tenir compte des variations interindividuelles du métabolisme dues aux traitements médicamenteux peut entrainer un biais d'environ 30 % dans la mesure des paramètres de quantification de la neuroinflammation (volumes de distribution du radiotraceur). D'autres facteurs comme l'âge, le sexe, l'IMC et le polymorphisme de la TSPO, qui modifie l'affinité du radiotraceur pour sa cible, peuvent également impacter le métabolisme et/ou la concentration plasmatique du [18F]DPA-714 et doivent être pris en compte.
MA Peyronneau © BioMaps - SHFJ / CEA
En conclusion, cette étude démontre l'importance, pour l'analyse des données d'imagerie des patients, de prendre en considération les mesures du métabolisme individuel et/ou la concentration de radiotraceur qui peuvent affecter la fonction d'entrée du [18F]DPA-714 et, par conséquent, son absorption cérébrale et périphérique. En résumé, les fonctions d'entrée individuelles devraient être préférées aux fonctions d'entrée moyennes dérivées des contrôles sains.
Contact : Marie-Anne Peyronneau marie-anne.peyronneau@cea.fr
La protéine translocatrice de 18 kDa (TSPO), une protéine mitochondriale aux nombreuses fonctions physiologiques, est exprimée de manière ubiquitaire dans les tissus périphériques, mais on n'en trouve que de faibles quantités dans le cerveau normal, alors qu'elle est surexprimée dans la microglie activée, dans les régions d'inflammation cérébrale résultant de troubles neurologiques et neurodégénératifs. La TSPO est dorénavant reconnue comme un traceur spécifique de la neuroinflammation en imagerie TEP cérébrale.