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Il faut faire le lien entre cycle menstruel et transmission des IST


​Des chercheurs du CEA-Jacob (IDMIT) et leurs partenaires décrivent l'évolution des marqueurs immunitaires, de l'inflammation et du microbiote vaginal au cours du cycle menstruel. Leurs travaux ouvrent la voie à une meilleure prise en charge des infections sexuellement transmissibles.
Publié le 31 mai 2022

La muqueuse de l'appareil reproducteur féminin constitue la première ligne de défense contre les infections sexuellement transmissibles (IST) chez la femme. Le risque de contracter une IST est augmenté par l'inflammation et dépend de nombreux facteurs liés à l'environnement de la muqueuse, dont les composantes de l'immunité et du microbiote vaginal qui interagissent pour moduler l'inflammation. Le cycle menstruel induit, quant à lui, des modifications importantes au sein de la muqueuse mais son impact sur les marqueurs immunitaires, l'inflammation et le microbiote vaginal est encore peu connu.

Pour en savoir plus, des chercheurs d'IDMIT ont étudié l'évolution de la composition du microbiote vaginal et de l'inflammation dans le sang, tout au long du cycle menstruel chez des primates non-humains femelles. Le cycle menstruel et la morphologie de l'appareil reproducteur étant similaires à ceux des femmes, les primates non-humains sont un modèle intéressant pour étudier la transmission et l'évolution des IST, ainsi que leur prophylaxie.

Les scientifiques ont mené une étude longitudinale couvrant trois cycles menstruels, durant lesquels ils ont mesuré le profil des cytokines et caractérisé les différentes populations de neutrophiles. Les cytokines sont des facteurs solubles produits lors de l'inflammation, qui alertent les neutrophiles, des cellules sentinelles du système immunitaire. Celles-ci se rendent alors sur les lieux de l'inflammation et interagissent avec d'autres cellules immunitaires.

Plusieurs résultats ont été obtenus.

  • La concentration en cytokines dans l'appareil reproducteur varie au cours du cycle menstruel, avec un pic de production pendant les menstruations.
  • Pour la première fois, les différentes populations de neutrophiles présents dans le col de l'utérus et dans le vagin ont été caractérisées et leur évolution suivie au cours du cycle : une certaine sous-population de neutrophiles augmente pendant les menstruations.
  • La composition en bactéries du microbiote vaginal évolue au cours du cycle.

Il faudra donc prendre en compte le cycle menstruel pour étudier l'environnement muqueux de l'appareil reproducteur chez les animaux femelles ou les femmes, notamment la susceptibilité aux IST, et pour tester des vaccins ou des thérapies.

L'équipe étudie désormais l'impact des modifications du microbiote vaginal sur l'inflammation et la susceptibilité à une infection par Chlamydia trachomatis, une IST très fréquente chez les jeunes femmes. Un autre projet est consacré à l'influence de l'infection vaginale à Chlamydia sur l'inflammation locale et sur la co-infection au VIH-1/Sida.

L'ensemble de ces études ouvre la voie à de nouvelles stratégies ciblant l'inflammation ou les cellules de l'immunité pour développer des thérapies préventives contre les IST.


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