Une grossesse sur mille est affectée par un développement anormal du placenta, appelée « môle hydatiforme ».
L'une de ces affections, dénommée môle hydatiforme complète, survient lorsque le pronucleus maternel (ovule fécondé avant fusion des noyaux) disparaît après la fécondation. Dans cette pathologie, du matériel génétique paternel est dupliqué, donnant naissance à un placenta vésiculaire anormal et conduisant à l'absence totale de développement fœtal. Or dans 20 % des cas, les môles hydatiformes complètes évoluent vers un cancer très agressif : le choriocarcinome gestationnel.
En 2019, des chercheurs de l'Irig avaient démontré que la protéine NLRP7 (produit de l'expression du gène Nlrp7) est impliquée dans le contrôle de la prolifération et de la migration des cellules dans l'utérus, et dans leur différentiation. Néanmoins, la relation entre le gène Nlrp7 et le développement et la progression du choriocarcinome gestationnel restait inconnue.
Les scientifiques ont émis l'hypothèse que la protéine NLRP7 favoriserait l'échappement immunitaire de la cellule tumorale placentaire et la doterait d'un « camouflage » moléculaire pour proliférer et métastaser vers d'autres organes comme le cerveau, le poumon et le foie. Pour valider leur hypothèse, ils ont étudié les points suivants.
- La protéine NLRP7 est-elle plus exprimée dans la cellule placentaire tumorale que dans la cellule normale ?
- L'invalidation du gène Nlrp7 expose-t-elle davantage la cellule tumorale au système de contrôle immunitaire maternel ?
Des observations cliniques, des études in vitro et in vivo sur un modèle animal (rongeur) ont permis de répondre positivement à ces deux questions. La protéine NLRP7 favorise le développement du choriocarcinome gestationnel et contribue à l'établissement d'un microenvironnement maternel immunosuppresseur qui atténue la réponse immunitaire dirigée contre la cellule transformée.
Ces résultats suggèrent fortement que la protéine NLRP7 constituerait une cible intéressante pour combattre ce cancer rare. Avec le soutien de la Ligue régionale contre le cancer, les chercheurs vont désormais entreprendre des études cliniques pour valider cette hypothèse.