Cancer pédiatrique le plus fréquent, la leucémie prend naissance dans les cellules souches ou progénitrices du sang lorsque des anomalies génétiques s'y accumulent. De fait, les leucémies sont extrêmement diverses car elles peuvent se développer dans n'importe quelle cellule du sang : cellules immunitaires, comme les lymphocytes ; cellules myéloïdes, composées des globules rouges, des plaquettes et d'autres types de globules blancs. Par ailleurs, les leucémies des enfants diffèrent de celles des adultes. D'où la nécessité de conduire des recherches très spécifiques pour développer des traitements ciblés.
Une collaboration du CEA-Jacob et de l'Institut Gustave Roussy, avec des équipes cliniques et biologiques d'hôpitaux de Paris et alentours, s'est particulièrement intéressée à la leucémie « mégacaryoblastique » issue des cellules productrices de plaquettes sanguines. Cette pathologie à pronostic défavorable est exclusivement observée chez les très jeunes enfants (âgés de deux ans ou moins), ce qui suggère une origine prénatale.
Une approche thérapeutique prometteuse
Les chercheurs ont développé une approche originale en étudiant pour la première fois cette pathologie à partir de cellules humaines souches/progénitrices sanguines saines et de cellules souches, isolées à plusieurs stades du développement sanguin humain. Soumises à la fusion des gènes ET02 et GLIS2, cause principale de la maladie identifiée, ces différentes cellules se sont en effet montrées très sensibles aux transformations induites par cette fusion génique. Des différences ont cependant été observées, en lien avec le développement, et ont révélé une vulnérabilité à des protéines extérieures aux cellules. « Avec mon collègue Thomas Mercher de Gustave Roussy, nous avons donc décidé d'exploiter cette vulnérabilité des cellules dans des modèles murins développés à partir de cellules de patients. Nous les avons exposés à une combinaison de molécules ciblant des voies de survie et d'activation de récepteurs. Et cette approche thérapeutique a conduit à la guérison de la moitié des modèles traités, un résultat mitigé par la présence de facteurs extrinsèques », annonce Françoise Pflumio, chercheuse au CEA-Jacob.
Cette étude montre l'origine possiblement multi-sources de ce type de leucémies et en explique la diversité cellulaire. Elle soulève également l'importance d'associer différentes molécules disponibles pour le traitement de ces affections sévères. Une stratégie qui devra être validée par des études cliniques.