L'Incontinentia pigmenti se manifeste dès la naissance par une inflammation cutanée, accompagnée de complications pouvant affecter les yeux, les dents, les os et le cerveau, tout au long de la vie.
Cette pathologie est causée par une mutation du gène NEMO (Nuclear Factor Kappa B Essential Modulator), localisé sur le chromosome X. NEMO joue un rôle clé dans la régulation de la réponse immunitaire et la survie cellulaire. Chez les patientes, la mutation est présente à l'état hétérozygote, ce qui signifie qu'une seule copie du gène est altérée. En revanche, l'absence fonctionnelle de NEMO chez les fœtus mâles est létale.
Un consortium clinique international a étudié une cohorte de 131 patientes atteintes d'Incontinentia pigmenti et a découvert, de manière inattendue, que 36 % d'entre elles expriment des anticorps dirigés contre les anti-interférons-α, des cytokines essentielles à l'immunité antivirale. Or, selon une étude, ces auto-anticorps anti-interférons-α étaient exprimés par 15 % des patients gravement atteints par la COVID-19 en 2020, et une sensibilité accrue à la COVID-19 a été observée chez les patientes Incontinentia pigmenti au cours de la pandémie.
Des chercheurs du CEA-Irig ont développé un modèle murin génétiquement modifié, reproduisant les caractéristiques de la maladie. Ils ont alors découvert que, chez ces souris, un organe essentiel à la régulation de l'auto-immunité, le thymus, est atrophié.
Cette anomalie a également été observée chez des patientes atteintes d'Incontinentia pigmenti ainsi que chez un fœtus mâle décédé, portant la mutation de NEMO.
Non seulement cette étude révèle une fragilité insoupçonnée des patientes Incontinentia pigmenti vis-à-vis des infections virales, mais elle démontre aussi une nouvelle fonction de la voie NF-kB (Nuclear Factor Kappa B) dans le développement et le fonctionnement du thymus.