Les blessures, cutanées notamment, entraînent généralement des cicatrices fibrotiques, mais peuvent dans de rares cas entraîner une réponse réparatrice régénératrice bénéfique.
En s’appuyant sur un modèle murin mimant la réparation d’une blessure cutanée, les chercheurs du CEA-Jacob, de l’Inserm, du CNRS et de plusieurs universités françaises, allemandes et américaines, ont caractérisé les événements cellulaires et moléculaires qui régulent la balance entre réparation fibrotique et régénération tissulaire. Ils ont ainsi pu identifier un acteur clé de cette balance : les macrophages. Ces cellules s’avèrent ainsi à la fois essentielles dans les premières étapes de réparation tissulaire, mais également directement liées, si elles restent au niveau de la plaie cutanée, à un processus fibrotique.
Les macrophages présents tardivement au niveau de la plaie cutanée phagocytent/éliminent et dégradent en effet un inhibiteur d’une voie métabolique majeure, la voie Wnt, conduisant à une activation chronique de cette voie et à une fibrose cutanée. La suppression de cette phagocytose suffit à elle seule à inverser les mécanismes entre fibrose et régénération cutanée. Les macrophages peuvent donc modifier le destin de guérison des plaies cutanées.
Chez l’Homme, l’équipe a montré que dans une pathologie cutanée, l’hidradénite suppurée (affection cutanée chronique, récidivante et incapacitante), la phagocytose de l’inhibiteur de la voie Wnt par les macrophages est parfaitement corrélée à la réparation des plaies par un processus fibrotique. Ces résultats indiquent que le mécanisme mis en évidence est également une cible thérapeutique qui pourrait être utilisée pour favoriser la régénération cutanée suite à une blessure sans formation de
fibrose.
[1] La fibrose correspond à la transformation d'un tissu de notre corps en un tissu fibreux ayant perdu les propriétés du tissu initial.
[2] Les macrophages sont des cellules sanguines qui infiltrent ou se trouvent dans les tissus. Lors de la réponse inflammatoire, leur rôle est notamment d’éliminer les débris cellulaires et les agents pathogènes.