L'antibiorésistance pourrait entraîner 10 millions de décès par an à l'horizon 2050 selon l'OMS. Des prévisions qui conduisent les chercheurs à orienter leur recherche vers de nouvelles molécules naturelles aux structures et modes d'actions distincts des antibiotiques traditionnels. C'est le cas des bactériocines, peptides antimicrobiens produits par des bactéries comme celles notamment du microbiote intestinal humain. Ce champ d'investigation, encore peu exploré, est au cœur d'une étude du CEA-Irig en collaboration avec un institut du CNRS et de l'Université Aix-Marseille et du Centre de biologie intégrative de Toulouse
Les chercheurs s'intéressent à Ruminococcus gnavus E1, une bactérie symbiotique du système digestif qui produit plusieurs peptides antimicrobiens, dont les Ruminococcines C qui s'avèrent très efficaces contre des pathogènes résistants et multi-résistants aux antibiotiques. Ces dernières possèdent des propriétés qui font souvent défaut aux autres peptides antimicrobiens, notamment une grande résistance aux conditions physiologiques, une efficacité à très faible dose ainsi qu'une faible toxicité. « Ces peptides, exprimés en 5 isoformes (RumC1-5), présentent des spectres d'activité variés sans effet de synergie entre les différentes isoformes. Par ailleurs, tout en étant peu toxiques, les Ruminococcines C possèdent également des propriétés anti-inflammatoires », détaille Victor Duarte du CEA-Irig.
Des travaux sont en cours pour élucider les mécanismes d'action et identifier la ou les cibles cellulaires de ces molécules qui se présentent comme une alternative prometteuse aux antibiotiques conventionnels.