Alors que la course à la cellule artificielle s'est intensifiée au cours de la dernière décennie, Manuel Théry ambitionne de construire la première cellule artificielle capable de « se polariser ». Il cherche à reconstituer un système dynamique de filaments du cytosquelette (en constant renouvellement), qui soit capable de détecter un signal local et de se reconfigurer complètement pour s'orienter vers ce stimulus. Plus précisément, le biophysicien se propose de construire des réseaux de cytosquelettes réactifs dans un espace confiné en 2D et 3D, pouvant adopter de manière réversible des états polarisés ou symétriques, dans des compartiments rigides ou déformables. Ce projet baptisé SENSATION permettra d'approfondir la compréhension de la polarisation des cellules vivantes, en particulier pour reproduire ce processus dans une cellule artificielle.
Manuel Théry dirige avec Laurent Blanchoin le groupe CytoMorphoLab au CEA-Irig qu'ils ont fondé en 2010. Ils utilisent des protéines purifiées pour reconstituer in vitro des réseaux de filaments du cytosquelette. En utilisant des techniques de microfabrication, ils étudient les lois fondamentales de construction des architectures intra-cellulaires. En 2013, CytoMorphoLab s'installe à l'Hôpital Saint-Louis à Paris pour étudier la polarité et les divisions des cellules souches hématopoïétiques avec le soutien de l'ERC en 2013 et 2018. En 2023, l'équipe est transférée à l'Institut Pierre-Gilles de Gennes à Paris avec en ligne de mire, la reconstitution de briques élémentaires permettant la construction d'une cellule artificielle.
Le dispositif Chaire d'excellence en Biologie / Santé a pour objectif de soutenir les travaux en France de chercheurs de grand talent. Dotées d'un financement de 2 à 3 millions d'euros chacune, ces chaires permettront de mener de nouveaux projets d'envergure sur cinq ans.
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