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Antibiorésistance à la colistine : mise au point d'un test-bandelette


Une équipe CEA-Joliot et ses partenaires en collaboration ont mis au point un test rapide, fiable et rentable de détection de la résistance bactérienne à l'antibiotique colistine.

Publié le 6 mars 2019
De plus en plus de maladies infectieuses deviennent difficiles à traiter. En cause, le nombre croissant de bactéries résistantes aux antibiotiques. Alors que certaines bactéries sont naturellement résistantes à un ou plusieurs antibiotiques, d’autres acquièrent cette résistance après mutation de leur matériel génétique ou acquisition d’un matériel génétique étranger contenant un gène de résistance (intégration d’un plasmide). C’est cette incroyable adaptabilité bactérienne qui est à l’origine d’un phénomène d’une telle ampleur qu’il est considéré par l’Organisation Mondiale de la Santé « comme l’une des plus graves menaces pesant sur la santé mondiale, la sécurité alimentaire et le développement ». 

La colistine est un antibiotique largement utilisé en médecine vétérinaire. Longtemps écarté en médecine humaine à cause de sa toxicité, il est depuis quelques années employé dans le traitement de maladies infectieuses sévères causées par des bactéries résistantes à toute autre antibiothérapie. Du fait de l’utilisation de plus en plus intensive de cet antibiotique, des mécanismes de résistance ont été rapportés à partir de 2015, principalement dans des entérobactéries retrouvées dans de la viande de porc et de poulet, mais aussi isolées chez l’Homme. La résistance à la colistine est acquise par intégration d’un plasmide contenant l’un des variants de la famille des gènes mcr1. Mcr-1 est le variant le plus largement retrouvé dans les souches résistantes isolées d’échantillons humains. Mcr-2, -3, -4 et -5 sont aussi retrouvés dans des souches résistantes isolées d’échantillons animaux.  

Des tests pour déterminer la résistance à la colistine de souches bactériennes existent. Mais ceux-ci sont chers ou nécessitent un personnel qualifié et/ou un équipement spécifique.

Une équipe CEA-Joliot a cherché à mettre au point en collaboration avec une équipe de l’Hôpital de Bicêtre (Laboratoire de Bactériologie & CNR de la Résistance aux Antibiotiques) un test plus rapide et moins coûteux mais tout aussi fiable de détection de souches produisant la protéine MCR-1. Les bactéries testées ont été isolées à partir d’échantillons humains collectés à l’hôpital Bicêtre et au CHU de Clermont-Ferrand et d’échantillons animaux collectés à l’Anses. Ce test repose sur l’utilisation d’anticorps, produits et sélectionnés au SPI, qui reconnaissent spécifiquement une partie de l’enzyme MCR-1. Un premier anticorps fixé sur un support solide capture l’enzyme présente dans l’échantillon. Au cours de la migration sur le support solide, l’échantillon re-solubilise un deuxième anticorps, marqué par de l'or colloïdal (rouge) et qui reconnaît aussi MCR-1. La présence d'une bande rouge, détectable à l'œil nu, indique la présence de l’enzyme dans l'échantillon biologique. En pratique, ce test est identique à un test de grossesse utilisables à domicile. Le test est rapide : 15 minutes suffisent pour lire le résultat après avoir déposé l’échantillon sur une bandelette. Il est sensible et spécifique, facile à utiliser et constitue une solution rentable pour être employée largement dans des laboratoires de microbiologie en pathologies humaines. Il devra néanmoins être amélioré pour reconnaître d’autres variants de la famille des protéines MCR et répondre ainsi aux besoins de la médecine vétérinaire.

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