Les cellules endothéliales, jointives, forment un «tapis» imperméable sur la paroi interne des vaisseaux sanguins. Sauf situation pathologique (inflammation, cancer), cet endothélium vasculaire reste stable à l’âge adulte. La VE-cadhérine, une protéine transmembranaire liant ces cellules grâce à un domaine extracellulaire aux propriétés adhésives, en est la principale responsable. En situation normale, les vaisseaux ne deviennent perméables que dans deux cas : lors d’une cicatrisation ou, dans l’ovaire et l’utérus, lors de certaines phases du cycle ovarien.
Une équipe du CEA-IRTSV a montré que cette dissociation cellulaire est due à la phosphorylation1 d’un des acides aminés de la VE-cadhérine, la tyrosine 6852, qui précède le clivage du domaine adhésif. Après avoir constaté que cette phosphorylation est régulée hormonalement durant le cycle ovarien, l’équipe a voulu explorer son rôle. Pour cela, elle a obtenu des rongeurs mutants dont la VE-cadhérine portait une phénylalanine -un acide aminé de structure identique mais non phosphorylable- à la place de cette tyrosine.
Étonnamment, les femelles présentaient des kystes ovariens et des œdèmes utérins, donc des signes d’hyperperméabilité vasculaire ! Celles n’ayant pas eu de portée malgré leur mise en croisement montraient aussi des anomalies morphologiques du système reproducteur. Les chercheurs avancent une hypothèse explicative reposant sur une régulation défectueuse de la phosphorylation.
Quoi qu’il en soit, ces rongeurs aux vaisseaux hyperperméables reproduisent certaines pathologies humaines, comme le syndrome d’hyperstimulation ovarienne qui survient parfois lors d’un protocole de PMA. Par ailleurs, la phosphorylation de la VE-cadhérine a été décrite chez des personnes atteintes de polyarthrite rhumatoïde ou de cancers comme le glioblastome. Le domaine adhésif de la protéine se retrouve alors dans le sang des malades. Un brevet portant sur une méthode de dosage de cette forme soluble a été déposé.
- Ajout d’un groupe phosphate (PO3) à une molécule
- Le numéro indique la position de l’acide aminé dans la chaîne protéique