La bactérie Pseudomonas aeruginosa est présente dans notre environnement proche et se niche parfois dans notre organisme. Si elle reste la plupart du temps silencieuse, elle est responsable des maladies dîtes « nosocomiales » chez les personnes déjà malades. C’est par exemple le cas des patients souffrant de la mucoviscidose, pour lesquels Pseudomonas aeruginosa colonise petit à petit les poumons, ou bien des personnes à qui on implante un dispositif médical (sonde, cathéter, etc.). Confinées dans certains tissus, cette bactérie peut traverser les barrières de l'organisme pour envahir le système sanguin et coloniser d’autres organes. Une équipe du CEA-IRTSV a découvert comment.
« Pseudomonas aeruginosa détient un arsenal de toxines qu’elle sécrète habilement dans les cellules pour rendre la barrière tissulaire perméable », explique Philippe Huber. La bactérie est en effet capable de synthétiser une micro-seringue biologique, sorte d’aiguille creuse pouvant injecter 3 toxines[1]. Les biologistes ont observé par vidéo-microscopie comment des cellules humaines sont infectées et ce qu’elles deviennent. « Deux des 3 toxines injectées par P. aeruginosa détruisent le cytosquelette de ces cellules, raconte le chercheur. Dépourvue d’ossature, les cellules se rétractent, se recroquevillent. La monocouche cellulaire ne reste plus longtemps étanche et laisse passer les pathogènes. »
A gauche, une cellule saine. A droite, la même cellule, après infection par Pseudomonas aeruginosa.
Des applications thérapeutiques se profilent. En effet, maintenir artificiellement le cytosquelette permettrait d’empêcher les bactéries de contaminer le sang et donc l’organisme entier. Les chercheurs testent actuellement plusieurs molécules dont certaines s’avèrent déjà efficaces
[1] exoS, exoT, exoY