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Cancers du sang : une résistance aux chimiothérapies identifiée


​​​Une étude publiée dans la revue Leukemia, par une équipe de l'IRCM révèle l'existence de cellules cancéreuses dites « dormantes » présentes chez certains patients jeunes et adultes atteints de leucémie aiguë lymphoblastique (LAL) et dont la réponse aux traitements actuels, surtout en cas de rechute, s'avère limitée. Une découverte prometteuse qui ouvre la voie à des pronostics plus précis et à de nouveaux traitements plus efficaces. 

Publié le 20 décembre 2024

Les leucémies aiguës lymphoblastiques (LAL) sont des cancers du sang dont le pronostic diffère fortement entre les patients jeunes (jusqu'à 25 ans) et les adultes à partir de 50 ans. En effet, l'intensification de la chimiothérapie menée ces dernières années a permis d'améliorer la survie et la rémission des patients (plus de 85% pour les enfants ; seulement 50% chez les adultes). L'une des explications de cette différence de survie serait liée à des facteurs physiologiques produits par le corps qui aident les cellules leucémiques à résister aux traitements. Si les cellules leucémiques se propagent dans la quasi-totalité des différents organes du patient, le tissu d'expansion de prédilection reste la moelle osseuse. Or, celle-ci est un environnement qui évolue grandement selon diverses situations physiologiques. Elle est par exemple pauvre en adipocytes (cellules graisseuses) à la naissance et devient très riche en ces cellules avec le vieillissement, dynamique également observée dans un contexte d'obésité et/ou suite à une radio/chimiothérapie.

​Le modèle murin présente une moelle osseuse plus ou moins riche en adipocytes selon l'os où elle se situe. En développant des modèles précliniques utilisant des souris immunodéficientes transplantées avec des cellules leucémiques de patients, des chercheurs du Laboratoire de Recherche sur les Cellules Souches Hématopoïétiques et Leucémiques de l'IRCM ont mis en évidence l'existence d'une population de cellules leucémiques « dormantes » exprimant intensément une protéine de surface nommée CD44.  Cette population, très présente dans des sites de moelle osseuse riche en adipocytes, est également détectée chez les patients atteints de LAL. Les travaux montrent que cette population est peu sensible à la chimiothérapie, qu'en plus, sa fréquence est augmentée chez des patients résistants aux traitements. Ils révèlent également que cette population cellulaire chimiorésistante est dotée de la capacité de lier une protéine normalement exprimée à la surface des cellules endothéliales qui tapissent les vaisseaux sanguins, la E-sélectine, ce qui peut en faire un biomarqueur d'intérêt.

​Ces travaux, menés sur plusieurs dizaines de patients atteints de cette pathologie rare, définissent l'existence de biomarqueurs (expression intense de CD44 et liaison à la E-sélectine) de la chimiorésistance des LAL. Les futurs travaux de l'équipe tentent à présent de déterminer si cette liaison CD44/E-sélectine est utilisée par les cellules leucémiques pour échapper à la chimiothérapie, ce qui offrirait une nouvelle piste thérapeutique pour éradiquer ces cellules leucémiques T résistantes aux traitements actuels.

Contact : julien.calvo@cea.fr ​


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