Ils sont allés d’Oslo (Norvège) à Varna (Bulgarie), de la mer du Nord à la mer Noire en passant par la Manche, l’Atlantique et la Méditerranée, pour prélever des échantillons d’eau côtière. « Ils », ce sont les chercheurs du projet européen BioMarks consacré au microplancton, ou plus précisément à sa fraction eucaryote1, et en particulier les protistes2. En effet les protistes marins sont encore moins connus que les bactéries, c’est dire ! Un laboratoire du Génoscope (CEA-IG) a séquencé l’ADN présent dans les échantillons afin de reconstituer la structure taxonomique de ces différentes populations. Bien que le plancton soit le seul écosystème continu de la planète, sa composition varie évidemment selon les conditions locales.
Première constatation : comme chez les bactéries, les populations de protistes comprennent quelques espèces abondantes représentant à elles seules la grande majorité de la biomasse, le reste étant constitué d’une multitude d’espèces rares. Le rapport entre espèces abondantes et espèces rares est apparu remarquablement constant dans tous les points de prélèvements, bien que les espèces concernées diffèrent d'un site à l'autre.
La quasi-totalité des protistes marins rares sont métaboliquement actifs, contrairement à ce qui se passe chez les bactéries rares qui se maintiennent souvent sous forme dormante. Certains de ces protistes rares constituent probablement des réserves prêtes à proliférer en cas de dépression soudaine d’une espèce abondante, d’autres semblent avoir « choisi » la rareté pour mode perpétuel d’existence.
- Organismes dont le matériel génétique est situé dans un noyau délimité par une membrane, contrairement aux bactéries
- Regroupe les eucaryotes unicellulaires