2 décembre 2024 : le raid scientifique du projet Awaca, conçu par l'Institut polaire et auquel contribue les équipes du LSCE, commence à déployer ses instruments. Il parcourra jusqu'à 1100 km le long d'un axe aligné sur la trajectoire des masses d'air transportant l'humidité de l'océan vers l'intérieur de l'Antarctique. Dès la mi-janvier 2025, les mesures de terrain d'une ampleur inédite collecteront des données précises sur la formation des nuages et des précipitations contribuant à l'accumulation de la neige en surface.
Dans le contexte du dérèglement climatique, le volume des océans dépend particulièrement de la quantité d'eau emmagasinée sous forme de neige et de glace dans la calotte glaciaire Antarctique : si celle-ci perd de la masse par fonte, le niveau des mers augmente ; si elle en gagne par accumulation de neige, le niveau baisse. Or, les processus physiques à l'œuvre demeurent mal connus. A terme, l'objectif du projet Awaca démarré en 2020 est de reconstruire la variabilité climatique de l'Antarctique sur le dernier millénaire et d'optimiser les modèles numériques de nouvelles générations afin de prédire la variabilité des 100 prochaines années.
Une instrumentation autonome et capable d'opérer en continu pendant trois ans dans les conditions extrêmes de l'Antarctique
Fruit d'un travail de développement technique et instrumental de trois années, les systèmes d'observation spécialement conçus effectueront des relevés de manière continue. Pendant trois ans, ils devront caractériser, contrôler et enregistrer la physique et la dynamique de la colonne atmosphérique (nuages et précipitations), la composition isotopique de la neige en surface, et les variables de surface (température, humidité, vent, neige soufflée). La maintenance annuelle sera assurée par les équipes lors des campagnes d'été antarctique via le déploiement de raids de contrôle.
« Il y a beaucoup de défis technologiques, notamment pour faire fonctionner des instruments de manière complètement autonome dans des conditions extrêmes : sur la côte, il y a énormément de vent, avec des pointes à 200 km/h, et plus on monte vers l'intérieur des terres, plus les températures baissent, jusqu'à -80°C en hiver », indique Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue du CEA à la co-initiative de ce projet.
Le projet Awaca fait l'objet d'un ERC Synergy co-piloté par le CEA, le CNRS, l'École polytechnique de Paris et l'École polytechnique fédérale de Lausanne.