Les syndromes parkinsoniens correspondent à un large spectre de maladies neurodégénératives présentant toutefois des symptômes communs : rigidité, tremblements et lenteur des mouvements volontaires. Ces maladies présentent une altération de la voie dopaminergique dans le cerveau, la dopamine étant le neurotransmetteur impliqué dans les mouvements volontaires, la cognition et la motivation. La technique utilisée en routine dans les hôpitaux pour les diagnostiquer repose sur la scintigraphie conventionnelle pour imager le transport actif de la dopamine (DAT Scan).
Depuis quelques années, les examens d'imagerie nucléaire pour ces pathologies tendent vers la tomographie par émission de positons (TEP) à la 18F-DOPA, plus rapide et avantageuse que la scintigraphie conventionnelle en matière de résolution spatiale, de réduction de la dosimétrie et des coûts. Cependant, les méthodes d'interprétation visuelle des clichés en 18F-Dopa restent empiriques et se basent sur la procédure standard approuvée par les sociétés internationales d'imagerie nucléaire en DAT Scan. « Il se trouve que cette procédure EANM/SNMMI exige une expertise substantielle du médecin nucléaire. Par exemple, il faut au préalable régler de manière appropriée les couleurs dans l'image ainsi que l'intensité du signal, et réorienter le cerveau dans les trois dimensions de l'espace. Et ces étapes subjectives sont sujettes à la variabilité inter-individuelle », note Florent Besson, médecin chercheur au CEA-Joliot qui a lancé avec ses collègues une étude pour comparer ce standard avec une autre approche diagnostique.
Un motif facilement et instantanément observable sur les images
« Des chercheurs chinois avait observé dans le striatum un motif de lapin chez des patients parkinsoniens, sans explorer davantage cette voie. En 2022 au sein de notre équipe, le Docteur Goldfarb avait en effet régulièrement observé lors de sa pratique TEP ce motif chez ces mêmes patients », explique-t-il. Les spécialistes tenaient là un marqueur diagnostic car ce motif peut être instantanément et facilement observé sur les reconstructions 3D, sans qu'aucun post-traitement de l'image ne soit nécessaire. Un marqueur dont la pertinence reste toutefois inconnue en pratique clinique.
D'où l'idée de conduire au SHFJ (CEA-Joliot) une étude sur 129 patients, comprenant 65 personnes atteintes de syndromes parkinsoniens et 64 témoins. Leurs images TEP 18F-DOPA ont été examinées individuellement par cinq praticiens expérimentés du service, en comparant à quelques semaines d'intervalle la procédure EANM/SNMMI et le motif de lapin du striatum. Le tout sur le même poste de travail et en aveugle du diagnostic final. Résultat : les deux méthodes ont fourni des performances diagnostiques similaires, et le motif de lapin a par ailleurs permis de réduire de 25 % les divergences entre les lecteurs. D'autres études vont préciser l'utilité clinique de ce marqueur, très simple et accessible à tous les médecins pour diagnostiquer des syndromes parkinsoniens.