Comment les industriels explorent-ils le formidable potentiel génétique et
chimique qu’offrent les centaines de millions d’espèces de microorganismes qui
colonisent les continents, l’air et les océans ? La stratégie actuelle consiste
à cribler des banques de bactéries environnementales afin de sélectionner les
souches appartenant à des espèces connues pour produire des enzymes
intéressantes. Parmi les bactéries ainsi sélectionnées, ne seront retenues que
celles dont une enzyme présente les caractéristiques les plus proches des
spécifications attendues. Or, peu d’outils allient à la fois rapidité et faible
coût pour cette opération.
Voilà pourquoi les chercheurs du CEA-IBEB (CEA, Marcoule) ont développé une
méthode innovante basée sur la spectrométrie de masse, notamment celle dite
«MALTDI-TOF» (Matrix assisted Laser Desoption Ionization- Time Of Flight). Les
travaux ont permis de définir, à partir des profils protéiques, des biomarqueurs
utilisés pour cribler spécifiquement les bactéries d’un même genre ou d’une même
espèce. La méthodologie, applicable dans un premier temps au genre
Ruegeria, est maintenant utilisée, grâce à ces derniers travaux, sur un
genre bactérien beaucoup plus large et très hétérogène génétiquement, les
Roseobacter. Seulement trois marqueurs biologiques sont nécessaires ici
pour cribler les différentes espèces de ce large groupe, qui représente environ
20% des bactéries marines.
Avec cette étude, le laboratoire vient d’ouvrir la voie à de nouvelles
applications industrielles. Il permettra, par exemple, d’explorer pour la chimie
verte, en moins de 10 minutes et pour un coût très bas (0.2$ par échantillon),
une large bibliothèque de souches.