Les
neutrophiles, qui représentent 50% à 70% des globules blancs du sang, ont pour mission de se mobiliser contre les attaques infectieuses. Leur surface est tapissée de
récepteurs à l’écoute de signaux révélant la présence des indésirables. Le fonctionnement de ces récepteurs, qui induisent ou au contraire inhibent l’activité des neutrophiles, reste largement méconnu.
Des chercheurs du CEA-IMETI étudie le récepteur inhibiteur dénommé ILT4[1]. Ils ont démontré que le déclenchement de ce récepteur inhibe l’activité du neutrophile et réduit donc la réponse immune de l’organisme. En outre, des images de microscopie ont révélé la présence de ce récepteur, non seulement à la surface des globules blancs, mais, à la grande surprise des biologistes, à l’intérieur également ! ILT4 se retrouve ainsi en nombre dans des vésicules navigant dans la cellule et remontant à sa surface suite à un stimulus. Lorsque la surface devient très chargée en ILT4, l’activation du neutrophile est difficile. A l’inverse, lorsque le récepteur ILT4 se fait rare, le globule blanc entre plus facilement en activité.
Ce résultat a fait l’objet d’une vérification directement au lit du patient et laisse déjà entrevoir des applications thérapeutiques. En effet, une collaboration avec le service de réanimation de l’hôpital Lariboisière, à Paris, a permis d’étudier les cellules neutrophiles de malades présentant un sepsis, à savoir un syndrome inflammatoire intense provoquant la mort dans 30% des cas. Le sepsis (ou choc septique) est à l’origine de 700 000 décès aux Etats-Unis et de 60 000 décès en France chaque année. Y-a-t-il un lien entre la présence de récepteurs ILT4 en surface des neutrophiles chez ces patients et la réaction inflammatoire sévère ? Oui, annoncent les biologistes. En effet, ces derniers montrent que le recrutement des récepteurs ILT4 de l’intérieur des cellules vers la surface est dérégulé et correspond à une réaction immune exagérée. L’utilisation de molécules chimiques contrôlant les acteurs moléculaires impliqués dans le transport d’ILT4 vers la surface pourrait permettre de rétablir sa présence en surface et ainsi réduire les processus inflammatoires délétères pour l’organisme.
D’autres applications se profilent déjà. Par exemple, ILT4 s’avère être un récepteur de la protéine β-amyloïde, mise en cause dans la maladie d’Alzheimer. Aussi, les chercheurs du CEA-IMETI se penchent sur le dérèglement des fonctions du récepteur ILT4 dans le processus de la réponse immunitaire lors d’une infection par le virus HIV.
Neutrophiles en microscopie confocale. Le marquage vert correspond au récepteur ILT4 présent à l’intérieur du neutrophile. Le marquage en bleu représente le noyau polylobé caractéristique du neutrophile. (© CEA)
1. Egalement connu sous le nom de LILRB2