Le syndrome de Sjögren est une maladie auto-immune chronique. Elle se caractérise par une infiltration lymphoïde des glandes salivaires et lacrymales qui entraine une sécheresse buccale et oculaire, de multiples complications systémiques liée à la production d'auto-anticorps, dont un risque augmenté de lymphome B.
Il y a une vingtaine d'années, l'équipe du professeur Xavier Mariette a montré le rôle de la cytokine BAFF (B-cell activator of the TNF family) pour l'hyperactivation du lymphocyte B dans le syndrome de Sjögren. Depuis, elle a participé à la mise en évidence l'intérêt des anticorps ciblant CD 20, protéine présente à la surface des lymphocytes B, dans le traitement de plusieurs maladies auto immunes.
Néanmoins, des travaux ont montré qu'un traitement anti-CD 20 est suivi d'une augmentation de la cytokine BAFF. Cette augmentation peut entrainer la stimulation de nouveaux lymphocytes B auto-réactifs et ainsi, diminuer l'efficacité de l'anti-CD 20. D'où l'idée d'associer dans le traitement de Sjögren deux approches thérapeutiques : l'une anti-CD 20, l'autre anti-BAFF.
C'est ainsi que l'équipe Auto immunité (UMR-S 1184 CEA/Inserm/UPSaclay/Le Kremlin Bicêtre) de Xavier Mariette a appliqué avec succès cette stratégie chez des patients atteints de complications systémiques graves du syndrome de Sjögren. Ces patients ont été traités avec une association de deux anticorps monoclonaux déjà sur le marché : le Rituximab, un anti-CD 20, utilisé dans le traitement de l'arthrite inflammatoire, et le Belimumab, ciblant la cytokine BAFF, prescrit dans le traitement du Lupus systémique.
En comparaison avec l'effet de chacun de ces anticorps administré individuellement, leur association a permis une meilleure réponse thérapeutique, et surtout, une déplétion des lymphocytes B tissulaires présents dans les glandes salivaires sièges de l'infiltration auto-immune.