Le VIH-1 est responsable d'une pandémie qui touche plus de 37 millions de personnes dans le monde, avec 1,7 million de nouveaux cas chaque année. Malgré des décennies de recherche et des investissements conséquents, la complexité du virus est telle qu'il n'existe pas encore de vaccin préventif ou curatif efficace. Pour identifier rapidement les candidats vaccins les plus prometteurs et réduire les risques d'échecs lors des phases tardives de développement, particulièrement lors des phases cliniques, il devient urgent et nécessaire de mettre au point des méthodes capables de prédire le plus tôt possible l'efficacité de la réponse vaccinale.
Dans des travaux parus dans Cell Reports Medicine, des chercheurs du Laboratoire Immunité et Transmission du département IDMIT ont étudié les changements moléculaires et cellulaires induits immédiatement après une vaccination contre le VIH, qu'ils ont corrélés à l'efficacité de la réponse immunitaire adaptative plus tardive. Pour cela, l'immunogène, une protéine mimant la protéine d'enveloppe du VIH, a été injecté chez des primates non humains choisis en raison de la similarité de leur système immunitaire avec celui de l'Homme. Les chercheurs ont analysé les cellules myéloïdes sanguines par cytométrie de masse, une technologie mise en place à IDMIT grâce à un financement Equipex du PIA et qui permet l'analyse simultanée d'un grand nombre de sous-populations cellulaires. Ils ont ainsi identifié des combinaisons de marqueurs précoces permettant d'associer positivement et négativement certaines populations cellulaires avec la production d'anticorps neutralisant le virus. Ils ont également mis en évidence des différences de réponses vaccinales selon l'adjuvant ou la voie d'injection utilisés. Ainsi, la réponse neutralisante est plus efficacement induite par la voie intramusculaire que par la voie sous-cutanée en utilisant le MPLA (monophospgoryl-lipid A) comme adjuvant, mais de même amplitude en utilisant le MPLA ou le squalène par voie intramusculaire, avec des mécanismes qui semblent différents.
Ces résultats démontrent qu'il est possible d'anticiper la qualité de la réponse immunitaire spécifique induite par une vaccination grâce à des marqueurs de la réponse immunitaire innée précoce. Les combinaisons de marqueurs identifiés dans cette étude et corrélés avec la réponse neutralisante pourront être utilisés pour développer des modèles prédictifs de la qualité de la réponse vaccinale et ainsi réduire les risques d'échec au cours des phases précliniques et cliniques de développement.