La reproduction asexuée est souvent considérée comme une impasse évolutive. En effet, elle est censée entraîner au fil des générations une accumulation de mutations délétères conduisant à l’extinction de l’espèce. Pour cette raison, les chercheurs s’intéressent depuis longtemps aux rotifères bdelloïdes, des animaux microscopiques au mode de reproduction apparemment strictement asexué.
L’analyse du génome du rotifère bdelloïde Adineta vaga a tout d’abord permis de prouver qu’il est incapable de reproduction sexuée. Par ailleurs, les chercheurs ont repéré des traces abondantes de conversions géniques, une sorte de « copier-coller » génétique au cours duquel une copie d'un ou plusieurs gènes est recopiée sur un autre exemplaire, ailleurs dans le génome, en le remplaçant. Les auteurs de l’étude avancent que ce mécanisme pourrait atténuer grandement l’accumulation de mutations délétères, voire l’éliminer complètement. Si les rotifères bdelloïdes ont été capables de survivre sans reproduction sexuée pendant des millions d’années, il est probable qu’ils ne soient pas les seuls animaux dans cette situation. Ainsi cette étude remet en cause l’idée communément admise selon laquelle la reproduction sexuée est indispensable aux espèces animales pour se perpétuer. Elle montre également que l’asexualité est aussi une stratégie évolutive viable sur le long terme pour certaines espèces animales.