En fournissant une structure juridique reconnue au niveau international, celle de Consortium Européen pour une infrastructure de recherche (ERIC), la Commission européenne accélèrera la construction de l'observatoire CTAO (Cherenkov Telescope Array Observatory). De fait, ce statut juridique facilitera son exploitation en assurant la stabilité du financement des infrastructures et du recrutement de nouveau personnel, et en établissant un cadre pour la distribution des données de l'Observatoire à l'échelle mondiale.
Cette décision intervient à un moment charnière depuis les débuts de cette grande collaboration internationale il y a une vingtaine d'années : les premiers télescopes de son site nord, situé aux îles Canaries (Espagne), commencent leur prise de données ; et les premiers télescopes du site sud dans le désert d'Atacama (Chili) seront installés en 2026. A son démarrage, CTAO deviendra l'observatoire le plus grand et le plus performant à l'échelle mondiale pour l'astronomie gamma. « CTAO contribuera à lever le voile sur des questions majeures de la physique moderne telles que l'origine et l'accélération du rayonnement cosmique, le comportement de la matière dans les environnements extrêmes des trous noirs ou la nature de la matière noire » explique Thierry Stolarczyk, physicien au CEA-Irfu et co-porte-parole du consortium scientifique de CTAO.
La grande contribution du CEA à ce projet international
Le projet CTAO est mené par une collaboration scientifique regroupant 150 laboratoires d'une trentaine de pays dans laquelle la France a joué un rôle déterminant, tant au niveau de la définition des objectifs scientifiques que la conception et construction des éléments des réseaux de télescopes. Son implication, via le CEA-Irfu et les instituts Nucléaire & Particules et Terre & Univers du CNRS, a d'ailleurs valu au projet d'être reconnu dès 2018 comme une Très grande infrastructure de recherche française (IR*).
Les deux réseaux de CTAO comporteront plusieurs dizaines de télescopes de trois tailles différentes (SST, MST et LST) détectant la lumière Tcherenkov produite par l'interaction des rayons gamma dans l'atmosphère (entre 10 GeV et 100 TeV). Les laboratoires français contribuent aux trois types de télescopes :
- en ce qui concerne les LST, la conception des arches, les contrôleurs des caméras et la motorisation de la structure mécanique ;
- pour les MST, la construction et l'intégration de caméras à électronique rapide (NectarCAM) et la conception et la fourniture d'une centaine de miroirs;
- pour les SST, la conception et l'intégration des télescopes.
Les équipes françaises sont également impliquées dans le monitorage de la qualité de l'atmosphère par la construction d'un LIDAR sur le site Sud. Enfin, elles ont un rôle prépondérant dans le déploiement de la chaîne d'analyse des données des réseaux de télescopes et des outils d'analyse scientifique de la voute céleste pour les futurs utilisateurs de l'Observatoire.