​Découverts en 1916 dans des extraits de plantes, les molécules hydrotropes ont un pouvoir unique : elles peuvent dissoudre des substances normalement insolubles dans l'eau, sans former de structures complexes comme avec les tensioactifs.

Bien qu'utilisées dans des secteurs comme la cosmétique ou l'agroalimentaire, leur potentiel en chimie de séparation est longtemps resté inexploité pour la séparation des métaux.

Avec les équipes de l'ICSM et leurs partenaires européens, Thomas Zemb a introduit l'utilisation des molécules hydrotropes pour la séparation des actinides et des lanthanides. Les chercheurs ont montré que les hydrotropes permettent de formuler des solutions plus efficaces et écologiques, en réduisant des problèmes techniques majeurs comme les phénomènes d'émulsification spontanée ou la formation de phases non désirées avec des viscosités élevées. Cette innovation offre une solution polyvalente de recyclage, adaptable à différentes conditions et utilisable avec les molécules déjà employées en hydrométallurgie dans le monde. Elle ouvre donc de nouvelles perspectives pour des procédés industriels plus durables et économes en ressources.

Ces travaux s'appuient sur la ienaïque, une théorie développée à l'ICSM pour décrire l'échange d'espèces chimiques entre fluides, sous l'influence de forces colloïdales : ce modèle d'interactions physico-chimiques en solution, au-delà du premier « voisin » permet notamment d'expliquer les synergies entre molécules pour optimiser rendement et sélectivité d'extraction (Lire l'actualité de la DRF « La ienaïque ou une révolution des procédés chimiques d'extraction »).

Le prix international Surfactant In Solution « Kash Mittal » est attribué tous les deux ans depuis 1974 pour des applications en ingénierie chimique rendues possibles par des avancées dans la compréhension des fluides complexes (émulsions, micelles, mousses, etc.).

Écouter la conférence de Thomas Zemb (2024).
Remise du prix de Thomas Zemb (2024).