Les récipients en poterie sont des objets d'usage commun, fréquemment déposés dans les sépultures humaines des populations anciennes. Il peut s'agir d'objets du quotidien du défunt ou d'objets dédiés aux rituels funéraires. Leur utilisation, généralement interprétée sur la base d'une analyse typologique, reste cependant incertaine, le potentiel analytique de la poterie n'ayant pas été pleinement exploité jusqu'à présent.
Les chercheurs ont cette fois procédé à des analyses biochimiques et géochimiques de céramiques provenant de la nécropole de Ghalekuti (dans la province iranienne du Dailaman) fouillée par des archéologues japonais dans les années 1960 et aujourd'hui conservées au Musée universitaire de Tokyo.
Les études typologiques antérieures avaient dévoilé une grande diversité de formes et de matières premières et mis en lumière une évolution notable du style et des procédés de fabrication (couleur, pâte, dégraissant…) au cours des différentes périodes de l'Âge du Fer. Les nouvelles analyses pétrographiques ont permis d'enrichir les informations sur la fabrication, révélant a minima six types de pâtes, dont l'une serait compatible avec la cuisson d'aliments.
Des résidus lipidiques ont été retrouvés dans les poteries et ont pu être analysés. Les chercheurs montrent ainsi que les céramiques ont été utilisées et ont contenu des substances végétales ou animales – aussi bien des produits laitiers que des carcasses d'animaux – avant leur dépôt dans les tombes.
Les chercheurs se sont interrogés sur de possibles liens entre les formes des récipients et leurs contenus. Ils ont en particulier relevé que des jarres à col étroit et à bec tubulaire avaient probablement contenu des substances végétales sous forme liquide tandis que des bols à becs verseurs avaient contenu des produits laitiers, sous forme liquide également. Ils suggèrent donc que des libations, à savoir le versement de liquide ou de graines, auraient pu jouer un rôle important dans les rituels funéraires de l'Âge de fer.
Enfin, de nouvelles datations au carbone 14 d'ossements humains et animaux ont établi la chronologie des tombes du site entre le 2e et 1er millénaire avant J.-C.
Ces travaux s'inscrivent dans le cadre du projet POTIRAN (POttery Typology of an IRon Age Necropolis in Iran) et ont été réalisés avec le soutien de la Japan Society for the Promotion of Science.