Les inondations survenues les 18 et 19 octobre en France et en Italie sont le résultat d'intempéries d'une rare intensité. Elles ont été analysées par la collaboration européenne ClimaMeter, spécialisée dans les évènements météorologiques extrêmes, et à laquelle participent des chercheurs du LSCE (CEA-CNRS-UVSQ). Selon eux, ces conditions météorologiques particulières sont nées de la conjonction de deux phénomènes naturels, amplifiés par le réchauffement climatique.
L'oscillation décennale pacifique (ODP) et l'oscillation multidécennale atlantique (AMO) sont des variations naturelles de la température à la surface des océans Pacifique et Atlantique. Elles ont des conséquences sur le monde entier puisque la température des océans détermine la quantité d'eau évaporée (donc la quantité de pluies) et influence certains courants atmosphériques.
ODP et AMO suivent des cycles de plusieurs décennies, indépendants l'un de l'autre, ce qui signifie que certaines années, leurs effets sur la météo peuvent entrer en résonance dans une région. C'était le cas cet automne en Méditerranée. Cependant, la convergence de ces deux phénomènes naturels ne suffit pas à expliquer les vents et les précipitations records : ils sont aussi le résultat du réchauffement climatique qui augmente de manière linéaire la température des océans, et donc l'évaporation. « L'augmentation des températures globales et la modification des régimes de précipitation, sont des indices clairs de l'influence du changement climatique.», nous explique Davide Faranda du LSCE (CEA-CNRS-UVSQ), coordonnateur de ClimaMeter.
Des évènements météorologiques sans précédent à cause du réchauffement climatique
Afin d'analyser les phénomènes climatiques extrêmes, la collaboration ClimaMeter utilise une méthode comparative qui consiste à identifier des conditions météorologiques similaires survenues par le passé et pour lesquelles il existe déjà une documentation. Cette méthode évite ainsi le recours à des modélisations coûteuses en temps et en ressources, et permet de constater l'évolution du climat au cours des années.
La méthodologie comparative risque cependant d'atteindre ses limites à cause du dérèglement climatique qui favorise l'apparition d'évènements météorologiques sans précédent. « C'est pourquoi nous prévoyons d'intégrer des approches complémentaires, comme des modèles climatiques haute résolution, afin d'analyser des situations où les analogues passés sont insuffisants. Cela nous permettra d'étendre la portée de ClimaMeter et de mieux prévoir les impacts de futurs événements météorologiques extrêmes. » conclut Davide Faranda.