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Poussières sahariennes : la radioactivité ne provient pas des essais nucléaires menés par la France


​​Après un épisode majeur de poussières sahariennes en mars 2022, une campagne scientifique participative a permis de récolter plus de 100 prélèvements dans six pays d'Europe de l'Ouest. Selon une collaboration internationale impliquant le LSCE (CEA-CNRS-UVSQ), les signatures isotopiques en plutonium des échantillons coïncident avec celles des retombées globales, largement dominées par les essais nucléaires des États-Unis et de l'ex-URSS, et sont sensiblement différentes de celles attribuées aux essais français. ​
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Publié le 25 février 2025

​Les poussières désertiques représentent la première source mondiale d'aérosols atmosphériques. Ces fines particules terrigènes, émises par l'action du vent, peuvent être transportées sur de longues distances. Ainsi, le Sahara et le Sahel fournissent chaque année la majorité des poussières minérales, émises à l'échelle globale, dont une partie est transportée vers l'Europe, essentiellement sous forme d'épisodes sporadiques, généralement au début du printemps. Ces épisodes de poussières sahariennes obscurcissent le ciel et impactent la qualité de l'air, ce qui peut générer des problèmes respiratoires. En mars 2022, un évènement exceptionnel par l'importance des dépôts de poussières au sol s'est produit sur une grande partie de l'Europe de l'Ouest.

Du césium-137 (une substance radioactive artificielle émise par les essais nucléaires atmosphériques et les accidents nucléaires) avait été détecté par une association dans des dépôts de poussières collectés en France lors de cet évènement de mars 2022. L'origine de cette substance avait été attribuée aux essais nucléaires français conduits dans la région de Reggane, dans le sud de l'Algérie, au début des années 1960.

Des prélèvements à travers toute l'Europe grâce à la science participative

Pour en savoir plus, des chercheurs du LSCE (CEA-CNRS-UVSQ), du Laboratoire Géoscience de Paris-Saclay, de l'Université d'Oviedo (Espagne) et de l'Office fédéral suisse de la Protection civile de Spiez ont analysé 110 prélèvements obtenus dans le cadre d'une approche de science participative.

Différents types d'analyses complémentaires ont été réalisés (analyse des rétro-trajectoires des masses d'air, de géochimie élémentaire, de granulométrie, de minéralogie des argiles et des activités en radionucléides et de leur signature isotopique). Celles-ci ont été réalisées sur tout ou partie des 110 échantillons collectés depuis le sud de l'Espagne jusqu'en Autriche, suite à un appel à collecter les dépôts de l'évènement via les réseaux sociaux durant l'évènement et les jours suivants.

Un marquage radioactif global et non pas local

Les résultats démontrent que, bien que les poussières proviennent d'une région qui coïncide en partie avec celle du Sud de l'Algérie où la France a réalisé des essais nucléaires atmosphériques en 1960 et en 1961, elles ne présentent pas le marquage radioactif attendu des essais nucléaires français. Au contraire, les poussières portent la signature des retombées globales largement dominées par les essais nucléaires conduits par les États-Unis et l'Union Soviétique à la fin des années 1950 et au début des années 1960 et qui marquent toujours aujourd'hui les sols du monde entier.

De plus, les niveaux de césium radioactif détectés dans tous les échantillons de poussières collectés (médiane de 14 Bq/kg) sont très inférieurs à ceux autorisés dans la majorité des denrées alimentaires dans l'Union Européenne (généralement 1000 Bq/kg). Par ailleurs, l'inhalation de ces poussières expose les populations à un débit de dose radioactif négligeable (inférieur de plusieurs ordres de grandeur aux niveaux autorisés dans l'Union Européenne).

Alors que la récurrence de tels évènements atteignant l'Europe pourrait être augmentée par le changement climatique, ces résultats sont rassurants d'un point de vue sanitaire. Par ailleurs, cette étude met en avant l'opportunité unique qu'offre la science participative. En effet, un si grand nombre d'échantillons répartis à travers l'Europe n'aurait pas pu être collecté par les seules équipes de recherche.​

voir aussi sur le site du LSCE



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