Le cetuximab est assez efficace dans le traitement des cancers colorectaux, de la tête, du cou et du poumon. Cet anticorps monoclonal est dirigé contre le récepteur membranaire EGFR (récepteur du facteur de croissance épidermique), impliqué particulièrement dans le contrôle de la survie cellulaire et de la progression du cycle cellulaire. Il se trouve que ce récepteur EGFR est sur-exprimé dans environ 60% des cas de glioblastomes, suggérant un potentiel effet thérapeutique du cetuximab. Or, les essais cliniques ne démontrent pas d'efficacité de cette immunothérapie au niveau des glioblastomes.
Cette absence d'efficacité est-elle due au faible passage du médicament à travers la barrière hémato-encéphalique ? Dans une précédente étude préclinique pilote menée chez la souris, des chercheurs du CEA-Joliot (SHFJ et NeuroSpin) avaient démontré que l'utilisation combinée d'ultrasons focalisés et de microbulles, pour ouvrir transitoirement la barrière hémato-encéphalique, induisait une augmentation drastique du transfert de cetuximab du sang vers le cerveau. Un résultat obtenu par tomographie à émission de positons (TEP) en radiomarquant au zirconium 89 le cetuximab.
De plus, des publications suggèrent que les ultrasons focalisés pourraient activer les cellules gliales, c'est-à-dire enclencher une réponse immunitaire du système nerveux central. Appliqués au niveau de la tumeur, les ultrasons focalisés pourraient créer un environnement cytotoxique contribuant à la destruction de la tumeur.
Les ultrasons focalisés n'améliorent pas l'accumulation du cetuximab dans la tumeur
Dans la nouvelle étude utilisant également la TEP, les chercheurs ont comparé dans des modèles animaux de glioblastome des paramètres de pharmacocinétique et de pharmacodynamie du cetuximab, combiné ou non à des ultrasons focalisés.
Très rapidement après l'injection du médicament, les ultrasons focalisés augmentent sensiblement sa délivrance dans les aires exposées, notamment au niveau de la tumeur. En revanche, ils n'améliorent pas l'accumulation à long terme du cetuximab dans la tumeur. Aucune différence n'a été observée dans son efficacité, qu'il soit combiné ou non aux ultrasons focalisés. Les chercheurs concluent que l'activation gliale par les ultrasons focalisés, si elle a lieu, est trop faible pour avoir un effet toxique sur le glioblastome.
Cette étude montre une nouvelle fois l'intérêt de l'immuno-TEP pour guider le choix thérapeutique pour chaque patient, en fonction de l'intégrité de sa barrière hémato-encéphalique.