Le placenta jouerait un rôle décisif dans le futur destin médical d'un individu. Cette hypothèse est centrale dans le concept de l'origine développementale de la santé et des maladies (Developmental Origins of Health and Disease).
Non seulement le placenta transporte nutriments et déchets entre la mère et le fœtus, mais il influence aussi la programmation du phénotype fœtal via des processus épigénétiques. Or, au cours du développement embryonnaire, ces processus peuvent être affectés par une exposition à des produits chimiques. Plusieurs d'entre eux ont été associés à des troubles du développement, des anomalies congénitales ou des problèmes de santé infantile.
En particulier, certains phtalates – largement utilisés pour le conditionnement de cosmétiques ou d'aliments – peuvent traverser la barrière placentaire et induire des changements dans l'homéostasie cellulaire. Des études suggèrent que l'exposition pendant la grossesse à plusieurs phtalates est associée à la modification de paramètres épigénétiques placentaires tels que la méthylation de l'ADN (qui module l'expression des gènes).
Pour en savoir plus, les chercheurs du CEA-Jacob ont analysé les urines maternelles de 202 femmes de la cohorte EDEN, prélevées entre la 22e et la 29e semaine de grossesse, ainsi que l'ADN extrait du tissu placentaire (face contre fœtus), après l'accouchement.
Ils ont ainsi pu mettre en relation les concentrations de onze métabolites dérivés de phtalates (dosés dans les urines) et la méthylation de l'ADN placentaire.
Leurs résultats suggèrent la mise en place de mécanismes épigénétiques dépendant de l'exposition aux phtalates pendant la grossesse et pouvant potentiellement affecter le développement du fœtus.