Entre le 6 et le 8 avril 2021, un épisode de gel tardif et intense a endommagé l'agriculture française. Cet épisode a touché de plein fouet les vignobles, avec presque 2 milliards d'euros de pertes, selon les premières évaluations.
Pour préciser le rôle joué par le changement climatique d'origine anthropique dans ces événements, les scientifiques ont choisi d'étudier la Champagne, la vallée de la Loire et la Bourgogne : ils ont comparé les résultats issus de modèles avec et sans changement climatique d'origine humaine.
Ils montrent d'abord que le changement climatique a rendu moins probable la vague de froid d'avril 2021. Il a en effet augmenté en moyenne de 1,2°C les températures les plus basses entre avril et juillet. De plus, il a abaissé la fréquence des épisodes de gel d'une fois tous les dix ans à une fois tous les 160 ans environ.
Les hivers sont devenus plus chauds, le repos végétatif des plantes s'achève plus tôt et l'apparition de leurs feuilles et fleurs (débourrement) est plus précoce. Or, pendant le débourrement, les vignes et les arbres fruitiers sont particulièrement sensibles au gel.
Les climatologues se sont saisis d'un indicateur utilisé par les agriculteurs pour mesurer la croissance de leurs cultures : les « degrés jours de croissance » (DJC). Obtenu en additionnant les températures moyennes quotidiennes au-dessus d'un seuil de 5°C, il permet de quantifier la chaleur accumulée par les plantes au cours de leur croissance. Une valeur typique pour un début de saison de croissance dans les régions étudiées se situe entre 250°C et 350°C.
L'étude montre que le changement climatique abaisse les températures minimales en moyenne de 2°C quand le DJC franchit le seuil des 250°C – au moment où la végétation démarre son cycle végétatif – et quand le DJC se situe entre 250ºC et 350ºC. Les chercheurs estiment ainsi que la probabilité pour un épisode de gel dommageable a augmenté de 60 %.
Ces travaux ont été réalisés dans le cadre de l'initiative World Weather Attribution par des chercheurs du LSCE, de l'Institut Pierre-Simon Laplace (CNRS), de l'Institut météorologique des Pays-Bas, de l'Université d'Oxford (Grande-Bretagne), de l'Institut Max-Planck de biogéochimie d'Iéna (Allemagne) et de Météo-France.
A fait l'objet d'un communiqué de presse.