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La géochimie révèle le commerce antique du coton entre l'Arabie et l'Inde


​Selon une étude réalisée par des chercheurs du LSCE (CEA-CNRS-UVSQ), du CNRS et du Muséum national d'histoire naturelle, une analyse isotopique de strontium révèle l'origine indienne de cotons archéologiques datant des 2e-3e siècles, dans le sud-est de l'Arabie.
Publié le 27 janvier 2021

Grâce à leur position stratégique au carrefour de l'Afrique orientale, du sous-continent indien, du Proche-Orient et de la Méditerranée, les navigateurs et les marchands de la péninsule arabique ont activement contribué à la diffusion d'espèces animales et végétales depuis la préhistoire. Or la profusion même des routes commerciales rend leur reconstitution complexe, notamment au cours de l'Antiquité.

Ainsi, le coton (Gossypium) – une plante d'origine tropicale et subtropicale – apparaît sur plusieurs sites de la péninsule arabique au tournant du 1er millénaire avant J.-C. : sa présence dans un environnement aride est un marqueur précieux de l'histoire des échanges à cette époque particulière. Deux questions demeurent. Ce coton est-il produit localement ou importé ? Quand est-il arrivé dans la péninsule ?

Le site antique de Mleiha, situé dans la péninsule d'Oman (aujourd'hui Émirats arabes unis) a la particularité d'offrir de riches vestiges archéobotaniques – graines et tissus en coton – datant de la fin de la période préislamique (2e-3e siècles), qui ont été très bien conservés dans un bâtiment fortifié, à la faveur d'un incendie.

Les chercheurs ont analysé les isotopes de strontium contenu dans ces restes calcinés. Verdict : ces cotons ne proviennent pas de la péninsule d'Oman mais probablement de la côte nord-ouest de l'Inde, une provenance compatible avec la composition isotopique mesurée. Cette hypothèse est étayée par des preuves archéologiques et textuelles de productions de coton dans des régions indo-pakistanaises, durant l'Antiquité. Ces faisceaux d'indices indépendants démontrent que le commerce maritime entre la péninsule d'Oman et l'Inde occidentale était bien établi à cette époque.

La présence concomitante de textiles non locaux et de graines suggère que la culture du coton dans les oasis voisines de Mleiha n'était pas encore devenue une pratique courante, ou du moins qu'elle en était à ses débuts.

Ces travaux ont été réalisés en collaboration avec le Laboratoire « Archéozoologie – Archéobotanique. Sociétés, pratiques et environnements » (CNRS - Muséum national d'histoire naturelle), avec le soutien du DIM « Matériaux anciens et patrimoniaux » de la Région Île-de-France.

                                                                                          Tissu de coton archéologique du site de Mleiha, Émirats arabes unis. © S. Ryan.

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