Les recherches sur l'ordinateur quantique font se rencontrer deux univers très différents. D'un côté, les physiciens parviennent à contrôler des états quantiques de plus en plus complexes. De l'autre, des théoriciens imaginent de nouveaux types de calcul qui exploiteraient directement la mécanique quantique avec des performances inimaginables. Aujourd'hui, un effort important est déployé pour essayer de faire se rencontrer ces deux univers.
Le bit quantique (qubit) qui généralise le 0 et le 1 de nos ordinateurs est un objet continu : il est décrit par une « aiguille » qui peut pointer continûment entre 0 et 1. La puissance espérée de l'ordinateur quantique provient d'un phénomène appelé intrication, qui lie étroitement les états de deux objets même distants. Or si une aiguille suffit à décrire un bit quantique, il en faut 2N pour décrire l'état d'une machine à N qubits. Ainsi, l'état d'une machine à seulement 30 qubits est-il décrit par plus d'un milliard d'aiguilles. Cette prolifération de degrés de liberté permettrait d'effectuer des calculs massivement parallèles.
Mais l'intrication est aussi le cauchemar de l'ordinateur quantique car il faut parvenir à contrôler avec précision toutes ces aiguilles, en évitant qu'elles ne soient perturbées par leur environnement (vibrations des atomes, fluctuations du champ électromagnétique, etc.).
Pour tenter de contrôler ce problème de précision, les informaticiens théoriciens ont imaginé des « codes de correction d'erreurs quantique » qui rassemblent de nombreux qubits en un unique méta-bit quantique.
Un chercheur de l'Irig a examiné ces codes du point de vue du physicien. Ses conclusions sont sans appel. Il manque de trop nombreux ordres de grandeur aux performances des technologies quantiques actuelles pour que cette voie puisse être envisagée sérieusement.