La production de matière organique végétale, issue de la photosynthèse – dite production primaire – dans les océans, est essentielle à la vie sur Terre. Près de la moitié de la photosynthèse mondiale est réalisée par le plancton marin. Cette production est traditionnellement pensée comme étant réalisée par le phytoplancton (organisme végétal), puis consommé par le zooplancton (organisme animal).
Aujourd’hui, il est toutefois reconnu qu’une grande partie du plancton marin ne suit pas cette dichotomie traditionnelle « végétal/animal » mais est en fait capable d’effectuer simultanément la photosynthèse et la phagocytose : on parle alors d’organismes mixotrophes.
En utilisant pour la première fois à ce sujet les données de séquençage ADN récoltées durant l’expédition Tara Oceans, les chercheurs du CEA-Joliot, de Sorbonne Université, du CNRS et du Muséum national d’Histoire naturelle, ont identifié 133 lignées de plancton dites mixotrophes, dont certaines ont été détectées dans tous les océans de la planète. Qualifiées de « plastiques » de par leur capacité d’adaptation, ces espèces ont la particularité de pouvoir se nourrir comme des animaux ou, à l’inverse, comme des végétaux en fonction du milieu dans lequel elles évoluent. S’il est connu que 45 % du carbone est fixé par le plancton dans le processus de photosynthèse (55 % l’étant par les plantes terrestres), le pourcentage fixé par les espèces de plancton mixotrophes reste inconnu à l’heure actuelle et pose question.
La mise en évidence des propriétés étonnantes de ces micro-organismes marins, présents aux quatre coins du globe, est une avancée notoire dans notre connaissance des océans mais aussi dans la compréhension de leur rôle dans le cycle du carbone. Cette découverte ouvre la voie à de nouveaux axes de recherche pour mieux comprendre le fonctionnement des écosystèmes marins.