La chimie dite « bioorthogonale », hautement sélective et biocompatible, permet de réaliser des réactions non naturelles dans les milieux biologiques ou encore au sein d'un organisme vivant. En 2017, les chercheurs du CEA-Joliot décrivaient une
nouvelle réaction « click and release » permettant à la fois de lier et cliver des molécules. Les auteurs anticipaient qu'une des applications potentielles de cette réaction puisse être la libération contrôlée de principes actifs,
in vivo. C'est maintenant chose démontrée.
Dans cette étude, les chercheurs du CEA-Joliot, en collaboration avec l'Institut de Chimie des Milieux et Matériaux de Poitiers et le CHU de Poitiers, ont utilisé des micelles chargées en molécules fluorescentes qui ciblent de façon passive les tumeurs et peuvent rentrer dans les cellules cancéreuses. Les scientifiques sont parvenus à obtenir une réaction de « click and release » dissociant ces micelles uniquement à l'intérieur des cellules cancéreuses.
Cette stratégie a été testée avec succès chez la souris : les tumeurs des souris ayant reçu une injection de micelles chargées en molécules fluorescentes, puis 24h plus tard, une injection du précurseur inactif sont plus fluorescentes que celles des souris contrôle n'ayant pas reçu la seconde injection du précurseur inactif.
De telles approches reposant sur la maîtrise de la chimie bioorthogonale devraient permettre la délivrance contrôlée de médicaments à des endroits ciblés de l'organisme, un point crucial pour le développement de thérapies plus efficaces.