Les technologies actuelles de mesure de masse peuvent peser un camion de plusieurs tonnes ou un atome d’hydrogène, mais un vide technique existe pour tout une gamme de masses intermédiaires, notamment dans le domaine des objets nanométriques où se trouvent la plupart des virus, certains biomarqueurs de pathologies comme les cancers ou les maladies dégénératives, ou encore certaines nanoparticules synthétiques à visée biomédicale.
L'équipe de chercheurs de BIG, du Leti, du CNRS, de l’Inserm, et des Universités Grenoble-Alpes et Paris-Sud, a voulu combler ce vide en concevant un système en trois étages : nébulisation des espèces en solution, focalisation du faisceau de particules et mesure de la masse de ces particules par un réseau de nanorésonateurs mécaniques.
Un virus sur la nano-balance, un outil de choix dans la lutte contre l’antibiorésistance
Grâce à ce nouveau système, l’équipe a pu mesurer la masse d’une capside de virus, celle du phage T5 (100 megadaltons ). Ce virus tueur de bactéries est un représentant des bactériophages, qui sont considérés comme une alternative prometteuse aux antibiothérapies classiques. Sa composition moléculaire est connue, sa masse théorique l’est aussi, mais les instruments commerciaux ne pouvaient pas, jusqu’alors, mesurer précisément sa masse. Pourtant, cela permettrait un contrôle-qualité de la production de ce virus ou d’autres bactériophages en vue d’une phage-thérapie par exemple.
Ce système peut donc répondre à ce besoin, avec un gain d’efficacité de détection un million de fois plus précis par rapport aux systèmes nanomécaniques existants, dans un temps d’analyse et avec une consommation d’échantillon compatible avec un usage en routine.
Photographies au microscope électronique d’un réseau de 20 nanorésonateurs en silicium connectés par des lignes métalliques, et zooms successifs sur un résonateur individuel (typiquement une dizaine de µm de long et une centaine de nm d’épaisseur).
Ce résultat a fait l'objet d'un communiqué de presse.