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« Siphonner » une étoile : reconstitution par laser


​​​Une collaboration internationale est parvenue à reproduire, en laboratoire, les phénomènes physiques extrêmes observés dans des systèmes de deux étoiles qualifiées de « variables cataclysmiques magnétiques ».

Publié le 16 juin 2016

Les naines blanches, des étoiles qui possèdent  une densité extrême et souvent un champ magnétique important, peuvent parfois absorber la matière d'une étoile compagnon. Cette matière est alors concentrée et aspirée par la naine blanche au niveau du pôle magnétique de celle-ci, formant des colonnes d'accrétion de 100 à 1 000 km. Ces zones sont beaucoup trop petites pour être accessibles directement aux télescopes. Pour étudier les phénomènes physiques qui se déroulent au niveau du pôle magnétique de la naine blanche, les chercheurs ont voulu les reproduire en laboratoire.

Schéma de l'attraction de matière exercée par une naine blanche (à droite) sur une étoile voisine (à gauche). La mati​ère « aspirée » forme une colonne d'accrétion, qui se concentre au niveau du pôle magnétique de la naine blanche. © Animea/F. Durillon - Pour voir l'animation en vidéo

Po​ur cela, ils ont concentré, pendant un milliardième de seconde, toute l'énergie du laser Orion sur une surface de quelques millimètres carrés. Ils ont  pu ainsi générer un flot de plasma se déplaçant à la vitesse de 200 km/s qui en s'écrasant sur un obstacle en acier mime les phénomènes qui se produisent à la surface de la naine blanche. En utilisant un second faisceau laser, ils ont pu sonder par radiographie X la dynamique de la colonne d'accrétion. Cette expérience, qui constitue une première mondiale, a permis de reconstituer en laboratoire une maquette d'objet astrophysique.

Mieux comprendre les naines blanches et leur dynamique est important pour les astrophysiciens et les cosmologistes. Elles pourraient en effet être les précurseurs des supernovæ (explosions d'étoile), les objets célestes utilisés notamment pour mesurer l'expansion de l'Univers. De telles expériences pourront dans un futur proche bénéficier du laser LMJ beaucoup plus puissant.

La collaboration, qui a mobilisé les compétences du CEA (CEA-Irfu et direction des applications militaires), de l'École polytechnique, du CNRS, de l'Observatoire de Paris, de l'Université Paris Diderot et de l'Université Pierre et Marie Curie, publie ces résultats dans Nature Communications lundi 13 juin.

Ce résultat a fait l'objet d'un communiqué de presse


À propos des lasers de puissance

Orion est un laser basé au Royaume-Uni, sous le pilotage de l'Atomic Weapons Establishment (AWE). Il combine 10 faisceaux à pulsation "longue" (échelle de la nanoseconde, 10-9 s) et deux faisceaux ultra-brefs (inférieurs à la picosecondes, 10-12 s). De telles expériences, initiées il y a quelques années sur l'installation Luli2000 (Laboratoire pour l'utilisation des lasers intenses) à l'École Polytechnique, pourront dans un futur proche bénéficier des lasers LMJ et Petal, beaucoup plus puissants. L'installation LMJ-Petal (en Gironde) est pilotée par le CEA et combinera les 176 faisceaux du Laser Mégajoule au faisceau petawatt Petal.​


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