Lorsqu’un glacier recule, il charrie devant lui des débris rocheux qui ne sont plus protégés des rayons cosmiques (protons) par la glace et commencent à « accumuler » du chlore 36 résultant de réactions nucléaires.
À mille kilomètres au nord des sites vikings, une équipe de recherche a pu dater par dosage du chlore 36 les phases d’extension des glaciers autour de l’île de Disko, à l’ouest du Groenland. Plusieurs avancées se sont produites au cours du dernier millénaire. La première, autour de l’an 1000, a été au moins aussi importante que celle du « petit âge glaciaire » (14e-15e siècles).
Les scientifiques ont examiné plusieurs causes possibles de ce phénomène inattendu. Le niveau de précipitations neigeuses régional n’a pas été exceptionnellement élevé pendant cette période, ce qui plaide en faveur de températures estivales basses. Par ailleurs, des déséquilibres de pression atmosphériques entre les Açores et l’Islande ne peuvent pas être invoqués. Les éruptions volcaniques enfin, dont l’intensité au cours de l’optimum climatique médiéval a été récemment révisée à la hausse, pourraient avoir produit une partie de ce refroidissement. Ce point reste à documenter et à préciser.
Les avancées des glaciers et l’extension de la glace de mer ont vraisemblablement limité l’expansion viking, fondée sur la navigation en drakkar et l’agriculture. Elles peuvent notamment expliquer l’absence de colonie viking au nord de Nuuk, la capitale groenlandaise.
Ces travaux résultent de la collaboration de chercheurs du CNRS et du CEA, des Universités Grenoble-Alpes, Aix-Marseille et Bordeaux, et du Royaume-Uni.