Les stalagmites conservent la mémoire du temps à mesure qu'elles grandissent. En effet, l'eau de ruissellement contient un isotope radioactif de l'uranium naturel qui se désintègre en thorium, insoluble et donc absent de l'eau. Une fois cet uranium incorporé à la stalagmite, le thorium issu des désintégrations peut s'y accumuler. Le dosage de l'uranium restant et du thorium produit permet donc de dater la stalagmite.
Les chercheurs ont ainsi daté la fin de croissance de tronçons utilisés dans la construction et le début de repousses « scellant » l'assemblage. Ces âges convergent vers 176.500 ± 2.000 ans, valeur confirmée par la datation d'os brûlés.
La présence, à 336 mètres de l'entrée de la grotte, de cette construction comptant près de 400 tronçons indique que les hommes de cette période, les hommes de Neandertal, maîtrisaient déjà l'environnement souterrain, notamment grâce à des feux destinés à l'éclairage. Il s'agit d'une étape majeure franchie par l'Homme.
Découverte en 1990, la grotte de Bruniquel a été impeccablement conservée. Elle comprend notamment de nombreuses formations naturelles (lac, calcite flottante, draperies translucides, concrétions) et des sols intacts, recelant de nombreux ossements d'ours et des dizaines de « bauges » d'ours (abris) avec d'impressionnantes griffades.
Ces travaux ont été menés en collaboration avec l'Université de Bordeaux, l'Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB) avec le soutien logistique de la Société spéléo-archéologique de Caussade.
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Prise de mesures pour l'étude archéo-magnétique dans la grotte de Bruniquel. © Etienne FABRE – SSAC |
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Contact : Dominique Genty (LSCE)