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Toxicité du thorium : où en est-on ?


​Le thorium, largement répandu dans la croûte terrestre, est un combustible éligible pour les réacteurs nucléaires à neutrons rapides. Quelle est la toxicité de cet élément radioactif pour les expositions environnementales et professionnelles ? Prositon fait le point.

Publié le 7 octobre 2015

Le thorium, 3 à 4 fois plus abondant que l'uranium, est un candidat intéressant pour la filière nucléaire à neutrons rapides. Converti en Uranium-233, il peut en effet être utilisé comme combustible. Par ailleurs, cet élément radioactif entre dans la composition d'instruments d'optique et de pièces pour l'aéronautique, entre autres. Le thorium a également été utilisé comme produit de contraste en radiologie. Il a été progressivement remplacé à partir de 1955 par des produits de contraste iodés, les médecins ayant commencé à suspecter des effets toxiques. Des études épidémiologiques ont confirmé la nocivité du thorium. Ces études ont en effet montré les effets toxiques d'une injection de dioxyde de thorium-232 colloïdal (Thorotrast®), dès les plus faibles concentrations, avec par exemple l'apparition d'effets hématologiques1 20 ans après ou d'effets hépatiques2 25 à 30 ans après. En revanche, peu de données existent sur les effets sanitaires des expositions environnementales ou professionnelles.

Dans sa dernière lettre d'information datée de mai 2015, l'Unité d'expertise en toxicologie et radioprotection de la DSV, Prositon, fait un bilan des propriétés du thorium, de sa biocinétique et de sa toxicité. Selon les experts, les études épidémiologiques faites chez les travailleurs exposés au thorium ne permettent pas d'établir un lien entre l'exposition et la survenue de pathologies. Ces études sont rares et limitées. « L'estimation de l'exposition est collective quand elle est disponible, le suivi dosimétrique individuel n'ayant pas été réalisé, et les cofacteurs (tabac, etc.) ne sont pas pris en compte », précise la lettre. Par exemple, une étude américaine a révélé une augmentation de la mortalité globale dans une cohorte de plus de 3000 travailleurs hommes suivis sur le long terme, y compris  après la fermeture de leur usine de traitement de minerais thoriés. Les données montrent une augmentation de la mortalité pour tous les cancers confondus et pour les cancers du poumon. Cependant, l'absence de prise en compte d'autres paramètres comme les habitudes de vie ne permet pas de statuer sur la responsabilité du thorium, estiment les experts de Prositon. Concernant les expositions environnementales, une étude réalisée dans la province indienne du Kérala, naturellement riche en thorium, a mis en évidence une augmentation significative de mutations de l'ADN mitochondrial de la population, mais sans effet pathogène. Il n'a pas été observé d'augmentation de l'incidence des cancers ou de malformations congénitales.

Le DTPA3, même si son efficacité est faible, constitue le traitement recommandé en cas de contamination interne. De nouveaux traitements sont actuellement en cours d'étude, notamment le DTPA encapsulé dans des liposomes4 ou la molécule 3,4,3-Li(1,2-HOPO), qui semble plus efficace que le DTPA pour traiter les contaminations par inhalation ou par blessure chez un modèle murin.


  1. Anémie aplasique, leucémies, myélofibrose.
  2. Cancers, cirrhose.
  3. diethylene triamine pentaacetic acid
  4. Petite sphère composée de lipides pouvant encapsuler des médicaments

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