Grâce à la comparaison de 27 prématurés imagés rapidement après la naissance et de 14 fœtus imagés dans le ventre de leur mère (âgés entre 21 et 36 semaines), les chercheurs ont remarqué qu'au même âge gestationnel, le cerveau des prématurés a des plis beaucoup plus marqués. Selon David Germanaud (UNIACT, NeuroSpin ; Robert-Debré, AP-HP) qui a participé à cette étude aux côtés de Jessica Dubois (Unicog), Jean-François Mangin et François de Guio (UNATI), ce résultat implique que pour la surveillance des enfants prématurés, il ne faut pas se référer à ce qui se passe normalement in utero, et vice versa. Il souligne aussi que les différences observées entre fœtus et nouveau-nés prématurés suggèrent que le grand bouleversement de la naissance affecte rapidement l'architecture cérébrale, un phénomène jusqu'ici insoupçonné. La transition entre in et ex utero a un impact nettement visible sur la conformation du cortex, cet impact étant au moins dépendant de de l'âge gestationnel auquel survient la naissance prématurée.
© Lefèvre et al.
Recomposition en 2D de cerveaux de fœtus (haut) et de nouveaux-nés prématurés (bas) à âge gestationnel égal. Les sillons sont en rouge tandis que les circonvolutions cérébrales (gyrus) sont en jaune.
Cependant, cette accentuation précoce du plissement n'implique pas un développement plus rapide sur le long terme. En effet, si le développement du plissement cérébral semble prendre de l'avance à la naissance du prématuré, d'autres études montrent que lorsqu'un prématuré arrive à la date initialement prévue pour sa naissance, son cerveau paraît au contraire moins plissé que celui d'un enfant né à terme.