Dans un organisme sain, le système immunitaire réagit à une menace intérieure ou extérieure de façon savamment dosée, ni trop, ni trop peu. Dans certains cas, notamment les maladies auto-immunes, l’équilibre est rompu et la réaction immunitaire s’emballe. Une équipe du CEA-IRCM, en collaboration avec des laboratoires français et européens, a identifié un des mécanismes contribuant à ce déséquilibre.
Les chercheurs se sont penchés sur l’interféron béta (Ifnb), une glycoprotéine qui joue un rôle majeur dans la protection de l’organisme contre les infections virales ou bactériennes et dans le contrôle de la progression tumorale. Cette protéine est produite en particulier par les macrophages, des cellules qui initient une réponse immunitaire adaptée face à une agression tissulaire. L’expression de l’Ifnb est très contrôlée car un excès conduit à des effets très délètères comme des chocs septiques ou des maladies auto-immunes. Si l’initiation de l’expression de l’Ifnb suite à une agression tissulaire est bien caractérisée, les mécanismes moléculaires qui permettent l’arrêt de cette expression étaient jusqu’alors inconnus. Les chercheurs ont montré qu’une protéine, dénommée, TRIM33 permet d’éteindre l’expression de l’Ifnb dans ces cellules.
Ce régulateur de transcription, comme la famille de protéines à laquelle il appartient, joue un rôle majeur dans la réponse immune, en particulier suite à une infection virale. En étudiant les conséquences de l’absence de TRIM33 dans les macrophages, les biologistes ont montré que l’activation de l’expression du gène codant pour l’Ifnb au début d’une réaction inflammatoire n’était pas dépendante de TRIM33. En revanche, les macrophages n’exprimant pas TRIM33, ne peuvent pas éteindre l’expression de l’Ifnb à la fin de la réponse inflammatoire. De plus, les chercheurs ont montré que cette régulation est restreinte aux macrophages. Ces résultats montrent pour la première fois le rôle primordial de TRIM33 dans la régulation de l’expression de l’Ifnb par les macrophages. Ils ouvrent la voie au développement d’une modulation pharmacologique de l’expression de l’Ifnb dans ces cellules lors d’infections ou de maladies auto-immunes, ainsi que dans les cancers solides.