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Radiosensibilité | Cancer

Les tumeurs de la thyroïde affichent leur origine


Comment différencier les tumeurs de la thyroïde consécutives à une contamination externe (post-Tchernobyl), à une radiothérapie et celles sans cause environnementale identifiée ? Grâce aux nouveaux outils de la génomique, des biologistes du CEA-IRCM apportent des réponses. ​

Publié le 15 janvier 2014

​Depuis plus de 20 ans, l'incidence enregistrée du cancer de la thyroïde en France augmente en moyenne de 6,2% chez les hommes et de 8,1% chez les femmes par an. Bien qu'antérieure à la survenue de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, en 1986, cette augmentation est souvent perçue comme une conséquence de cet accident. Dans le même temps, le dépistage des cancers de la thyroïde s’est généralisé. Or, l'observation de séries d'autopsies, réalisées chez des individus de plus de 65 ans et décédés pour une pathologie ne touchant pas la thyroïde, a montré qu’environ 15% des personnes présentaient un petit cancer différencié de la thyroïde (cancer jamais diagnostiqué car n’entraînant pas de pathologies particulières). Le dépistage systématique expliquerait-il à lui seul l’augmentation d’incidence observée ?

Dans ce contexte, une équipe du CEA-IRCM recherche des marqueurs permettant de signer la nature radio-induite d’une tumeur de la thyroïde. Le premier objectif est de discriminer les cancers dus aux irradiations des tumeurs sporadiques[1]. Le second consiste à différencier, au sein des cancers radio-induits, ceux consécutifs à une radiothérapie de ceux résultants d’une contamination post-Tchernobyl. En utilisant des nouveaux outils de la génomique et en particulier l’analyse transcriptomique[2], les chercheurs ont atteint en 2011 leur 1er objectif.

Ils viennent d’atteindre leur second. Ils ont analysé plus en détail les signatures moléculaires des cancers de la thyroïde post-radiothérapie ou post-Tchernobyl pour déterminer s’il existe des spécificités et/ou des points communs. Pour cela, les chercheurs ont comparé les transcriptomes de cancers de la thyroïde développés chez des personnes traitées pendant l’enfance pour un premier cancer par radiothérapie ou chez des enfants contaminés par de l’iode radioactif après l’accident de Tchernobyl. Cinq gènes[3] communs aux signatures des cancers post-radiothérapie ou dus à une contamination par de l’iode radioactif ont été identifiés. Ces gènes permettent de classer, non pas de prédire, les deux types de tumeurs. « Cela suggère que les deux voies d’exposition aux radiations - irradiation externe forte dose/fort débit de dose et contamination interne à faible dose et débit chronique- laissent dans les tumeurs radio-induites une empreinte moléculaire commune et que ces deux types de tumeurs ont donc un fond biologique commun », commente Sylvie Chevillard.


[1] Cancers isolés, sans causes environnementales identifiées.

[2] Etude de l'ensemble des ARN messagers produits lors du processus de transcription d’un gène en protéine.
[3] PABPC1, SERPINE1, GTF2H2, DHCR24 et CLU. 

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